Vers un super-gouvernement de droite radicale ou une dissolution de l’Assemblée

«Si le vote changeait quelque chose, ils le rendraient illégal» disait l’anarchiste Emma Goldman il y a un siècle. Une analyse toujours valable. Après presque un an de campagne électorale suffocante qui a figée la situation sociale, la séquence s’achève par une crise de régime et une montée sans précédent du fascisme. Analyse.
Défaite du clan Macron
Pour la première fois de la 5ème République, le Président victorieux n’obtient pas de majorité deux mois après sa victoire. Le hold-up électoral est un échec. La grande coalition macroniste obtient environ 230 députés, dont seulement 158 députés d’anciens LREM. C’est presque une division par deux par rapport à 2017. De nombreux poids lourds du gouvernement tombent : l’éborgneur Castaner est éliminé, la ministre de l’écologie de Montchalin aussi, comme la ministre de la santé. Le président de l’Assemblée Richard Ferrand dégage également.
Même la Première Ministre Borne passe de justesse. Un nouveau gouvernement sera donc nommé. En revanche, Damien Abad, accusé de viols par 3 femmes, est largement réélu, comme Darmanin, lui aussi accusé de viols. Les électeurs LREM ne reculent devant rien. Quoiqu’il en soit, la coalition «Ensemble» du Président aurait besoin d’une soixantaine d’élus de plus pour avoir une majorité. C’est énorme. Macron ne pourra pas mettre en place ses projets funestes dans l’immédiat.
Poussée néofasciste
L’extrême droite fait exploser le nombre de ses députés sans même avoir fait campagne. En 2017, le Front National n’avait que 8 députés. En 2022, avec 89 députés, cela représente 1012% d’augmentation. Du jamais vu sous la Cinquième République.
Il y a eu cinq années de Macron entre les deux. En 2017, le président déclarait : «Je ferai tout, durant les 5 années qui viennent, pour que [plus personne n’ait] plus aucune raison de voter pour les extrêmes». Entre temps il a méthodiquement appliqué le programme de Le Pen, écrasé dans le sang toute opposition, militarisé la police, imposé des lois racistes, liberticides et antisociales. Pire, les électeurs macronistes ont fait barrage à la NUPES lorsqu’elle était face à l’extrême droite. Pour les bourgeois, plutôt Hitler que le Front Populaire. Plutôt le fascisme que le progrès social.
Les médias des milliardaires ont gagné
Les éditorialistes ont passé des semaines à qualifier la NUPES «d’ultra gauche» et banalisé à outrance l’extrême droite. Après avoir fait campagne pour Zemmour et avoir dédiabolisé le fascisme, ils ont diabolisé la gauche, même modérée. Il n’a été question que de voile, de burkini ou de «wokisme» durant toute la campagne. Des propositions timidement sociales démocrates, par exemple donner un toit ou de la nourriture aux gens qui n’en ont pas ont été massivement diffamées pendant que les propos violemment racistes avaient droit de cité.
Ces gens ont fabriqué un «barrage» contre la gauche : le bloc bourgeois n’aura reculé devant rien pour faire échec à la NUPES, ce qui en dit long sur la droitisation des élites. Macron et les médias du pouvoir n’ont jamais été un rempart à l’extrême droite mais une autoroute vers le fascisme.
Le PS fait élire le RN
Le dernier cadeau du PS tendance Valls, avant de disparaître pour de bon, aura été de donner des élus à l’extrême droite. Dans le Sud-Ouest, la clique du PS hollandiste a maintenu ses candidats. Résultat ? Le RN remporte toutes les circonscriptions des Pyrénées-Orientales. Entre autres.
La gauche plurielle au grand complet réunie au sein de la NUPES rate son pari
Avec moins d’un quart des élus, son groupe est loin d’une hypothétique majorité tant vantée. La défaite manque même de panache, car la NUPES a choisi de ne pas présenter – à de très rares exceptions près – de candidatures issues des luttes sociales ni de prolétaires, mais les cadres des différents grands partis de l’accord politicien. Dans cette «union» éphémère et lisse, on trouvait même d’anciens élus LREM. Quant aux socialistes, ils ont refusé le terme de «violences policières» dans le programme commun. En Loire-Atlantique, la NUPES a même présenté un syndicaliste policier. Ces députés seront-ils aux côtés des contestations ? Résisteront-ils concrètement à l’ordre sécuritaire et au patronat ?
La droite radicalisée conserve ses élus
Ces derniers mois, Les Républicains ont repris la théorie complotiste et raciste du grand remplacement, appelé à ouvrir un «Guantánamo français» et à donner les pleins pouvoirs à la police. LR est une des nuances de l’extrême droite, parfois même plus dure que le Rassemblement National. Une très forte proportion de l’Assemblée est donc mure pour le fascisme.
Et maintenant ? Macron n’a que deux solutions. Soit créer un accord de gouvernement avec LR, et donc régner sur une ligne encore plus radicale, néolibérale, raciste et autoritaire avec les sarkozystes. Soit dissoudre l’Assemblée Nationale à la rentrée. Dans tous les cas, ce sera l’ultra-violence. Construire de vrais contre-pouvoirs sera vital.
Une pause interminable dans les luttes sociales
Enfin, comme au premier tour, l’abstention aura été majoritaire. L’interminable séquence électorale aura pris toute la place, éludant les combats nécessaires. Un paradoxe, alors que le quinquennat aura été marqué par des luttes sociales sans interruption. L’espoir des urnes aura tout mis entre parenthèses. Comme si le vote redevenait incontournable alors que les institutions n’avaient jamais été aussi contestées.
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