Parlement : les macronistes font élire deux vice-présidents d’extrême droite


Le « barrage » au fascisme est en fait une autoroute


Le Parlement français

Pour la première fois depuis la création du Front National il y a 50 ans, le RN aura des vice-présidents à l’Assemblée Nationale. Ce n’est jamais arrivé. L’extrême droite a gagné hier mercredi 29 juin un niveau de responsabilité et de banalisation inédite depuis la guerre. Et c’est grâce aux députés macronistes.

La présidente de l’Assemblée Nationale est une élue LREM : Yaël Braun-Pivert. Logique, puisque le mouvement de Macron est premier au Parlement. Mais le clan LREM s’est aussi organisé pour faire barrage à la gauche. Les deux candidats présentés par le RN ont obtenu 290 et 284 voix. Le RN n’a «que» 89 députés à l’Assemblée. L’extrême droite a donc obtenu près de 200 voix qui ne viennent pas de ses rangs. Ces voix viennent, au moins en partie, des macronistes.

Une députée d’extrême droite parle d’un «grand moment pour la démocratie». Le RN obtient avec cette victoire un bonus financier, et les élus d’extrême-droite vont siéger au perchoir quand la présidente sera absente, ainsi qu’au Bureau de l’Assemblée. Des fascistes animeront les débats parlementaires. Pour rappel, la dernière fois que le FN avait eu beaucoup de députés à l’Assemblée, c’était en 1986. Et tout le monde trouvait normal d’empêcher les héritiers du pétainisme d’accéder à de quelconques responsabilités. Le FN n’avait pas eu droit à un poste de vice-président.

En Allemagne, les élections se font à la proportionnelle. Le parti d’extrême droite AfD a 80 députés. Pourtant, les autres députés font systématiquement barrage à l’extrême droite. L’AfD a essayé 18 fois de faire élire un vice-président durant la précédente législature (2017-2021) sans succès. C’est la même chose avec l’actuel parlement allemand – le Bundestag. Tous les partis s’accordent pour bloquer une possible vice-présidence d’extrême droite.

Un autre accord entre LREM, LR et le RN a été passé pour écarter la gauche de la questure – un poste qui gère l’intendance et la logistique de la Chambre – et la donner au député de droite extrême Eric Ciotti. Ce poste est réservé à l’opposition, donc en principe à la NUPES. Mais aucun candidat RN ne s’est présenté, ce qui a permis à Ciotti d’obtenir le poste.

Il y a donc officiellement une coalition d’extrême droite qui gouverne en France, elle va de Macron à Le Pen. Cette coalition mettra tout en place pour préserver les intérêts des riches, durcir la répression et accentuer le racisme. Elle est déjà en place. Cette coalition distribue des postes clé à l’extrême droite. Il n’y a jamais eu de «barrage» à Le Pen : c’est une autoroute. En 2017 comme en 2022, Macron a toujours préféré le fascisme à un éventuel partage des richesses. Ce jeudi, c’est l’élection du poste de président de la commission des finances de l’Assemblée. Un député RN explique que le candidat NUPES «est anticapitaliste et va se servir de la commission des finances comme d’un gigantesque moyen de contrôle de la fiscalité de toutes et chacun, je pense qu’il faut éviter ce danger». Le parti des fascistes et des banquiers fera-t-il encore alliance pour protéger les ultra-riches ?

Le système est parfaitement prêt à assumer sa mue vers un régime ouvertement dictatorial. Ce nouvel événement nous montre que le combat antifasciste ne viendra ni des urnes, ni des élus, ni d’un éventuel « barrage » républicain. Ne comptons que sur nos forces.

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