Europe forteresse : la mort au bout de l’exil


Melilla : l’Europe a du sang sur les mains


Un charnier aux portes de notre continent. C’est l’atroce résultat des politiques racistes de l’Union Européenne transformée en forteresse. Un massacre à la frontière : 27 morts et 300 blessés, c’est le bilan de la dernière barbarie des garde-frontières espagnols et marocains à l’enclave espagnole de Melilla ce 24 juin dernier.

Massé-es contre la barrière de plus de 6 mètres, des centaines d’hommes et femmes tentent désespérément de passer tout en se faisant lourdement gazer et tabasser par les agents de la Guardia Civil et de policiers marocains. Dans les mouvements de foule, des corps compressés, morts asphyxiés, des chutes. Les corps sont enterrés de façon expéditive, sans autopsie et contre l’avis des ONG. Tout est fait pour masquer ce massacre, témoin gênant des crimes racistes de plus en plus nombreux chaque année à nos frontière.

Samedi 31 octobre 2020, des gardes-côtes grecs remettaient à l’eau des migrant-es pourtant protégé-es par le droit international. Le 1er juillet 2021 des gardes-côtes libyens – soutenus financièrement par l’UE – ouvraient le feu sur une embarcation de fortune en pleine Mer Méditerranée. Souvent qualifiés de dérives ou d’incidents isolés, ces crimes de masse sont pourtant structurellement organisés par la politique migratoire que l’Europe impose aux migrant-es africain-es depuis plus de 20 ans.

Cette politique de refoulement est minutieusement appliquée par des forces de police ouvertement racistes et financées massivement – l’agence FRONTEX totalise plus de 500 millions d’euros de budget chaque année. Dans le sud de l’Europe, aux portes de la Grèce ou de l’Italie, ce sont des camps géants qui fleurissent. Le plus connu est créé en 2016 sur l’île de Lesbos où des milliers de réfugiés survivent dans des conditions insupportables. Barbaries légales. La Méditerranée est un cimetière : plus de 17 000 morts et disparitions sont enregistrées depuis 2014.

Sur le plan répressif, l’Union européenne investit désormais dans des «canons à son» pour «assourdir» celles et ceux qui s’approchent des portes de l’Europe. En Grèce, en 2021, des gardes-frontières dévoilent un blindé équipé d’un «canon sonore» tirant en rafale des bruits assourdissants, extrêmement aigus et aussi puissants que le volume d’un moteur à réaction. Le son aussi peut être une arme. De tels dispositifs sont utilisés depuis des années aux USA, où ils sont considérés comme «potentiellement mortels». Aux frontières, d’autres expérimentations sont mises en œuvre : drones de surveillance très puissants, biométrie, contrôle par intelligence artificielle…

À Calais, des dizaines de millions d’euros par ans sont investis par l’État français pour le dispositif policier. Les tirs de grenades ont lieu quasiment chaque semaine. Rien qu’en 2020, à Calais et à Grande-Synthe, plus d’un millier d’expulsions ont été recensées : presque trois par jour, quelque soit la saison. Souvent les forces de l’ordre lacèrent les tentes, y compris en plein hiver, laissant volontairement des enfants à la merci des mor­sures du froid, sans possibilité de s’abriter. Plusieurs exilé-es racontent également avoir été arrêté-es puis transporté-es à plusieurs kilomètres de leur campement, avant d’être abandonné-es dans un terrain vague. En 2017 l’organisation Human Right Watch documentait les exactions dans un rapport : l’eau et la nourriture sont régulièrement aspergées de gaz au poivre par les CRS. Les aliments sont ainsi empoisonnés pour qu’ils ne puissent plus être consommés. Le gaz est utilisé partout, jusque dans les tentes pour les rendre durablement irrespirables.

Dans sa chasse aux exilé-es, la police tire. Le 14 juin, à Nice, la police avait ouvert le feu contre un camion transportant des exilé-es. Un homme est mort, un passager caché dans le camion frigorifique. Le 17 mai 2018 la police avait pourchassé une camionnette transportant une vingtaine de migrant-es près de la frontière belge. Les agents avaient ouvert le feu alors qu’une famille se trouvait dans le véhicule. Une petite fille kurde, Mawda, était morte. Le policier a été récemment condamné à du sursis.

Le contraste observé avec l’accueil réservé depuis mars 2022 aux personnes fuyant l’Ukraine est particulièrement criant… Soutien à toutes celles et ceux qui organisent et font vivre des formes de résistance et d’autodéfense collectives face à cet ordre migratoire raciste. Soutien aux hommes et femmes qui luttent jour après jour face à la machine implacable FRONTEX et ses agents barbares. Soutien à celles et ceux qui bravent ces lois inhumaines en les accueillant.

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