Il y a 80 ans : la rafle du Vel d’Hiv


La police française, qui vient d’être créée, arrête et déporte plus de 13.000 personnes juives à Paris


La police française, qui vient d'être créée, arrête et déporte plus de 13.000 personnes juives à Paris : c'est la rafle du Vel d'Hiv

Le 16 juillet 1942 est une date entachée d’un crime ineffaçable dans l’histoire de France : la Rafle du Vélodrome d’hiver. Ce jour là, 9.000 policiers et gendarmes français se déploient dans les rues de Paris et entrent dans les appartements des personnes fichées comme Juives par le Régime de Vichy. Le gouvernement français organise cette immense rafle pour faire plaisir à l’Allemagne nazie. Les Juifs et Juives sont entassées dans un stade, le vélodrome d’hiver, dans des conditions épouvantables, quasiment sans eau ni nourriture pendant près de 5 jours. Les victimes sont ensuite chargées dans les trains pour être envoyées vers les camps d’extermination nazis.

Comment un pareil crime de masse a pu être planifié ? Depuis une ordonnance du 27 septembre 1940, tous les Juifs et Juives françaises et étrangères en zone occupée avaient l’obligation de se faire enregistrer dans les commissariats de police, puis de porter l’étoile jaune. Un “commissaire général aux questions juives” crée un fichier de tous les individus recensés.

Le 14 août 1941, le Régime de Vichy crée la Police Nationale. Un décret du Maréchal Pétain constitue l’acte officiel d’une force de police unifiée sur tout le territoire français. La Direction Générale de la Police Française est créée et rattachée au Ministère de l’Intérieur. Les moyens alloués à cette nouvelle force sont exceptionnels : les salaires sont revalorisés, les uniformes sont inspirés de ceux portés par les SS, des écoles de police sont inaugurées dans chaque région. C’est aussi la création des GMR, les Groupes Mobiles de Réserve, première unité spécialement chargée de la répression et du maintien de l’ordre, qui seront pudiquement rebaptisés CRS à la Libération : les fameuses Compagnies Républicaines de Sécurité.

Un collaborationniste et antisémite forcené, René Bousquet, est nommé secrétaire général de la police. Et enfin, pour satisfaire l’antisémitisme dévorant du Régime Hitlérien, l’appareil d’État français commet l’abominable. Il traque et arrête de nombreux Juifs et Juives. Les 16 et 17 juillet 1942, la police française met en œuvre une immense rafle, épaulée par des militants d’extrême droite. 13 152 personnes sont arrêtées : 4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes. Une infime minorité reviendra des camps de la mort.

Le militant anti-répression Maurice Rajsfus, dont la famille a été arrêtée ce jour là, témoignait dans un ouvrage : “Nous ne savions pas que c’était la police française que nous devions craindre. Nous ignorions que cette institution irait au-devant des revendications des nazis. Comment pouvions-nous envisager que les chefs de la police française allaient suggérer à la Gestapo, non seulement l’arrestation des femmes, mais également celle des enfants. Hypothèse invraisemblable.”


En ces périodes de montée de l’extrême droite et de confusionnisme général, n’oublions jamais.


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