Dans le désert : bassin artificiel, sculpture dorée, jets et camions pour 15 minutes de défilé


Accélérer toujours plus vite vers le désastre


Le quotidien Le Monde s’émerveillait le 18 juillet à propos d’un «déchaînement de moyens : jamais le luxe ne s’était donné tant de mal pour en mettre plein les yeux» et ajoutait les larmes aux yeux : «Yves Saint Laurent a marqué les esprits avec un show spectaculaire dans le désert marocain d’Agafay.» Dans cet article publicitaire, le journal décrivait le show luxueux organisé le 15 juillet, et rassemblant 220 invités, «journalistes, influenceurs et clients» pour assister à un défilé de mode de la marque Yves Saint Laurent.

Alors que les vagues de canicule se suivent à toute vitesse sur fond d’incendies sans précédent, Le Monde anticipait déjà les critiques en écrivant que «les émissions de gaz à effet de serre ont été calculés et sont compensées par des projets de préservation des forêts». La marque de luxe osait même «l’eau utilisée, servira ensuite à des projets d’irrigations». Conclusion de l’article : «le luxe n’a jamais été aussi extravagant, ni aussi conscient des conséquences de ses actes». Le média Vanity Fair parle même d’une «œuvre d’art totale (et écologique)». Mais bien sûr…

Alors que s’est-il réellement passé le 15 juillet ? En tout et pour tout, le spectacle n’a duré que 15 minutes, dans un désert situé à 45 minutes de Marrakech. Forcément, sous un soleil de plomb, par près de 45°C, il fallait faire vite. Pour ce show ultra-court, des moyens colossaux ont été mis en œuvre. Le groupe de luxe Kering a loué un terrain et construit une route de 6 kilomètres spécialement pour accéder au site. Dans un pays qui manque d’infrastructures routières. Pire, il a fallu construire des bâtiments éphémères, installer des climatisations, un espace VIP et même, clou du spectacle, une piscine artificielle un milieu d’une zone aride ! «Un vaste bassin d’eau circulaire autour duquel évoluent les mannequins». 50 camions de 10 mètres cube ont été nécessaire pour la remplir, selon les témoins, soit près de 500 m3 dans une région désertique.

Comment sont arrivés les VIP ? Pas en vélo évidemment. Les spectateurs sont arrivés en jets et vans affrétés du monde entier. «Les influenceurs font des selfies devant les immenses boîtes habillées de miroir qui servent de backstage» décrivait Le Monde. Il y avait même un grand logo YSL doré. Parmi les invités d’honneurs, Catherine Deneuve, ou encore le fils de Carla Bruni et du propagandiste Macroniste Raphaël Enthoven. Vous savez, le prétendu philosophe qui préfère voter Le Pen que Mélenchon. Pour finir «un anneau monumental et lumineux surgit de l’oasis et se dresse à la verticale, comme un ovni qui émergerait des flots».

Fin du spectacle. Champagne. Shooting photo. Tout le monde peut rentrer en pick up rejoindre son jet privé ou un riad où des domestiques locaux seront au service des VIP occidentaux. Ils pouvaient se rassurer en se racontant qu’ils ont assisté à un événement «éco-responsable». Combien de CO2 ont émis les trajets ? Combien pour la construction d’un tel espace ? Combien coûte cet événement ? Que deviennent les matériaux de la construction ? Le tout dans un pays où une partie de la population manque d’eau potable.

Pendant ce temps, les ministres laissent tourner leurs voitures avec la climatisation en plein soleil dans la cour de Matignon pendant leur Conseil, un ballet de bateaux à moteur «fête» la fin des incendies de Gironde dans l’océan qui borde la dune du Pilat. Comme dans une frénésie irrationnelle. Toujours plus vite vers le désastre : telle est la devise des riches.


Dans quelques mois, les stades seront climatisés au Qatar. Mais le gouvernement français demande aux pauvres de penser à éteindre la Wifi et à faire pipi sous la douche. Régime décadent.


Une vidéo promotionnelle de l’évènement :

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