
De l’autre côté de la Manche, on les appelle «grèves de la colère». Des protestations nombreuses et puissantes contre le coût de la vie et en particulier l’inflation qui fait exploser les prix. Au début de l’été, 50.000 conducteurs de train anglais s’étaient déjà mis en grève pour dénoncer les licenciements. En cette fin du mois d’août, des secteurs stratégiques sont paralysés par des grèves contre la vie chère. Les grévistes réclament des augmentations de salaire au niveau de l’inflation, c’est-à-dire 13% en Angleterre.
Une grève des dockers historique
Le port de Felixstowe sur la côte Est anglaise voit transiter chaque année 48% du fret par conteneur du Royaume-Uni. Pour 8 jours depuis dimanche, les 1900 dockers du port seront en grève. C’est une première depuis 1989 ! Cette mobilisation menace de mettre à l’arrêt une grande partie du trafic de marchandises du Royaume-Uni et même de désorganiser le commerce maritime à l’échelle européenne.
Sur le rail, une autre grève combative
Les employés du secteur des transports font grève depuis plusieurs jours, à échelle du pays seul un train sur cinq circule. Les cheminots anglais font peur au patronat. Ils ont même refusé une offre de revalorisation des salaires à hauteur de 8% en échange de «réformes» qui visent à licencier une partie du personnel. Ils refusent le chantage de leur entreprise, même en échange d’une augmentation. Grève également dans les transports en commun londoniens : dans la capitale anglaise, le réseau de transport public est paralysé.
«La classe ouvrière est de retour»
C’est ainsi qu’avertit le secrétaire général du syndicat Maritime and Transport (RMT), Mick Lynch, dans un discours offensif. Il a prévenu que la grève des cheminots pourrait «se poursuivre indéfiniment». «Nous sommes de retour en tant que mouvement, en tant qu’énergie» a affirmé le syndicaliste dans un discours. «On refuse d’attendre après les politiciens, on refuse d’être pauvre !» Très loin de la léthargie profonde des leaders syndicaux français, qui semblent restés confinés depuis 2020.
Vers une généralisation du mouvement ?
Le 26 août, des dizaines de milliers d’employés des services postaux de la Royal Mail s’apprêtent à également à entrer en grève pour plusieurs journées isolées.
Des débrayages, parfois sauvages, sont signalés dans les raffineries ou dans des dépôts Amazon. Des votes internes dans les syndicats se multiplient pour des appels à la grève dans de nouveaux secteurs. La base pousse à la mobilisation.
Don’t pay the bill
Enfin, les anglais menacent aussi d’une grève des factures. Le plafond des factures d’énergie pourrait atteindre environ 4400 £ par an en janvier prochain. L’hiver prochain, beaucoup ne pourront pas se chauffer. En réaction, le mouvement «Don’t Pay» vise un boycott des factures d’énergie suffisamment étendu pour mettre les distributeurs d’énergie dans une difficulté économique assez forte pour les faire céder. Des centaines de milliers de personnes pourraient rejoindre ce mouvement dès octobre.
Et en France ?
Il y aura plus de 10% d’inflation d’ici la fin de l’année 2022, les patrons et les spéculateurs font des profits records, Macron veut attaquer les droits des chômeurs et les retraites, et silence radio des syndicats. Une timide journée de grève isolée sans aucune perspective est prévue à la fin du mois de septembre. Les médias français nous mentent en permanence : ils ont réussi à nous faire croire que la France serait un pays de «râleurs» et de «grévistes». C’est tout l’inverse. Il suffit de regarder la tension sociale chez nos voisins. Le degré d’obéissance et de soumission qui règne dans ce pays, malgré des attaques terribles, a atteint un niveau abyssal.
La marmite finira-t-elle quand même par déborder ? Réponse ces prochaines semaines.
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