À qui le tour ?
«L’arrêt du conseil d’État, qui permet de dire que quelqu’un qui a des enfants, qui est marié en France, qui né en France peut quand-même 58 ans après être expulsé, ça permettra d’évoquer d’autres cas dans les prochains mois et dans les prochaines années»
Cette déclaration satisfaite provient du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à l’antenne de BFM TV ce week-end. Les propos sont limpides : le gouvernement vient d’ouvrir une brèche dans le droit. À présent, quiconque sera suspecté d’être «séparatiste» ou «anti-républicain», même s’il est né en France, même s’il a sa vie en France, pourra être traqué, arrêté et expulsé. Darmanin annonce une chasse à l’homme, qui ne visera d’ailleurs pas uniquement les seuls musulmans. Demain, des opposants politiques ayant la double nationalité pourront être expulsés. Et après ? À qui le tour ?
Jusqu’où ira Darmanin ? Après avoir utilisé l’Imam Iquioussen comme un épouvantail médiatique pour faire passer une mesure d’exception contraire au droit, il annonce déjà qu’il compile des noms de religieux musulmans à «exclure». C’est ce qu’à dévoilé le ministre depuis les bureaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la police politique, vendredi soir. Il indiquait que les services de renseignement rédigent déjà une «liste» de «prédicateurs», «de présidents ou agitateurs d’associations» à expulser. «Agitateurs», notez bien.
Avis à la gauche qui détourne le regard depuis des semaines, au prétexte que l’Imam Iquioussen est un réactionnaire. Ce qui est vrai. Le véritable but de l’opération était de créer une jurisprudence. L’exception va devenir la règle. Comme toutes les mesures d’exception, elles visent en apparence des ennemis indéfendables, avant de s’imposer dans la durée : les fichages de masses et l’état d’urgence devaient «protéger du terrorisme», les tests ADN devaient se limiter aux crimes sexuels, ils sont désormais généralisés à toute la population, etc.
Avec Iquioussen, Darmanin le dit explicitement : il a ouvert la voie aux expulsions de toute personne considérée comme déviante, et en premier lieu au sein de la minorité musulmane. Le silence collectif prépare le pire.
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