10,9% de surmortalité cet été par rapport à la moyenne, indifférence gouvernementale
Cet été, la canicule n’a pas seulement dévasté l’écosystème, induit des incendies gigantesques et tari l’eau potable. Elle a aussi pris des milliers de vies en France. Dans une indifférence gouvernementale sidérante.
Entre juin et août 2022, le pays a connu «un excès de décès, très vraisemblablement dû en partie à la canicule» selon l’Insee. Si l’on compare avec 2019, 11.124 personnes de plus ont perdu la vie l’été dernier. Une hécatombe qui rappelle la dramatique canicule de 2003.
Dans le détail explique Médiapart, 138.522 personnes sont mortes entre le 1er juin et le 22 août 2022, un nombre en augmentation de 5,2% par rapport à 2021, +7,3% par rapport à 2020 et +10,9% par rapport à la moyenne 2015-2019. Le journal relève, à l’aide de courbes statistiques, que les trois vagues de chaleur de l’été 2022 sont liées à des pics de mortalité.
Un point aveugle de ces chiffres accablants est la question de l’hôpital public. Tout le monde semble «oublier» le rôle de l’effondrement du système de santé français dans cette surmortalité. Tout l’été, des dizaines de services d’urgence ont été fermés. De nombreux soins n’ont pas pu être assurés, ou pas correctement, faute de moyens et de personnel. Le nombre de lits d’hôpitaux disponibles n’a pas cessé de baisser. Une situation de crise inédite des hôpitaux français, en peine canicule, et après une pandémie. Pourquoi occulter la responsabilité politique évidente de la hausse de la mortalité ?
Le plus spectaculaire est l’absence totale de réaction du gouvernement. 11000 décès supplémentaires cet été et c’est comme s’il ne s’était rien passé. Pas de grands discours. Pas «d’état d’urgence». Pas de grandes mesures pour protéger les victimes du dérèglement climatique. Pas de moyens supplémentaires. Aucune réaction.
Pourtant, même en comparaison avec 2003, année de grande canicule, juillet 2022 se démarque. Il y a 19 ans, lors de l’été qui fut particulièrement meurtrier, il y avait eu 133069 décès, soit 5000 de moins que cette année. Pour rappel, les décès de la canicule en 2003 avaient provoqué une crise politique majeure qui avait mis en grande difficulté le gouvernement de Jacques Chirac et coûté son poste au ministre de la santé.
Cela avait également coûté une journée de salaire aux actifs : la journée de solidarité mise en place en 2004, où tout le monde bosse gratuitement pour financer des opérations de solidarité avec les personnes âgées que le gouvernement ne veut pas prendre en charge directement. Absolument rien de tout ça sous Macron. Aucune remise en cause. Cela n’a même pas été un sujet.
Les morts et les dégâts provoqués par le chaos climatique semblent négligeables pour les gouvernants. Ils n’ont aucune intention d’agir contre les ravages du capitalisme sur notre environnement et nos vies. La stratégie est donc de faire comme si tout cela n’existait pas, en faisant semblant de ne pas voir arriver les prochaines crises : canicules, incendies, crises alimentaires et inondations. Qui voleront d’autres vies humaines et animales.