Fuite en avant et provocation macroniste
«Après les élections, en juillet, viendra la mise en œuvre d’une feuille de route radicale et profonde, et là ce sera le tapis de bombes». C’est la déclaration hallucinée et hallucinante de Gilles Le Gendre, poids lourd du camp Macroniste, qui a été président de l’Assemblée Nationale en mai dernier.
Nous y sommes. Après avoir fait du scooter des mers cet été, Macron veut liquider rapidement ce qui reste de l’État social : chômage, minimas sociaux, retraites. Il compte baisser les allocations chômage et les rendre mouvantes en fonction du «marché du travail». En gros, Pôle Emploi pourra diminuer ou augmenter sans contrôle votre chômage en fonction de critères économiques opaques. Une sorte de bourse, où vous êtes perdant à tous les coups. Il inaugure également le travail forcé dans plusieurs départements pour les bénéficiaires du RSA. En principe, les taxes que vous payez, la TVA sur tout ce que vous achetez, les cotisations quand vous bossez, servent au moins en partie à une redistribution quand vous êtes en difficulté. C’était la règle depuis 1945. Déjà très abîmé, ce système est en donc train d’être détruit pour de bon. La fin des hôpitaux. Une école en lambeaux. Et même les allocations minimales pour permettre aux pauvres de survivre attaquées.
Et puis il y a les retraites. «Le scénario d’une réforme des retraites votée dès l’automne se précise» écrit avec gourmandise le média néolibéral Les Échos. Selon ce journal, le gouvernement imagine imposer la casse des retraites dès le 26 septembre, dans le cadre du prochain budget de la Sécurité sociale. Dans 10 jours !
«Depuis quarante-huit heures, le gouvernement multiplie les consultations auprès des parlementaires de la majorité, pour prendre la température» explique Les Échos. Macron ne ferait pas une loi spécifique, mais imposerait des amendements directement dans le budget de la Sécurité sociale pour 2023. Et puisqu’il n’a aucune limite, il imagine passer en force, par 49.3 ! Le projet risquerait de repousser l’âge légal du départ en retraite à 63 ou 64 ans. En France, l’espérance de vie en bonne santé est de 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. Et elle ne progresse plus, voire recule ces dernières années. L’idée est donc de faire trimer les travailleurs jusqu’à épuisement.
Macron est un monarque fou. Cette contre-réforme en pleine crise sociale est une provocation purement idéologique. Même économiquement, il n’y a aucune nécessité : la caisse de retraite est excédentaire et le sera de plus en plus. C’est une pure mesure de destruction sociale.
Plus grave, dès 2017, Macron avait invité la multinationale BlackRock au palais de l’Élysée. L’entreprise gère des fonds de pension de retraites privées dans le monde entier et gagne des milliards en spéculant sur les retraites. Il a même décoré le patron de la filiale française de la Légion d’Honneur ! Une casse des retraites serait donc un cadeau en or massif fait à un fond de pension américain.
Rappelons-nous de l’automne 2019. Macron avait lancé son projet et s’était heurté à la rue. Plusieurs millions de grévistes, des secteurs en grève pendant des semaines, notamment dans les transports parisiens. Des manifestations énormes et sévèrement réprimées. Le boss de BlackRock était encore reçu à l’Élysée pour l’occasion. Mais l’offensive contre les retraites avait été stoppée par la pandémie de Covid et le confinement.
Trois ans après, Macron veut donc repasser à l’attaque. C’est son deuxième mandat, il n’a pas besoin d’être réélu. Il peut tout saccager avant de tirer sa révérence. Il faudra beaucoup plus qu’une journée de grève isolée fin septembre pour le faire reculer…