? Bretagne : 3 baleines échouées en 3 semaines


Décès massifs de dauphins, béluga et orques dans la Seine : le monde marin en souffrance


Miracle dans le Finistère la nuit dernière. Une baleine s’était échouée sur une plage de Ploéven. Pendant des heures, les pompiers et l’association Sea Sheperd se sont relayés pour humidifier la peau du cétacé et creuser sous son corps pour éviter qu’il ne s’asphyxie et puisse repartir avec la marée. L’animal était amaigri, mais il a finalement pu rejoindre l’Océan Atlantique quand la mer est remontée. D’autres n’ont pas eu cette chance.

Deux autres baleines se sont échouées à quelques jours d’intervalles, le 2 et le 10 septembre. Toutes deux dans le Finistère également : l’une sur l’île de Sein et l’autre sur une plage de Tréguennec. Les deux sont mortes. La baleine échouée le 10 septembre présentait «un amaigrissement important. Des tissus hémorragiques sont également constatés au niveau des flancs» indiquait la préfecture du Finistère. En trois semaines seulement, cela fait donc trois baleines qui se sont échouées sur les côtes de Bretagne. Le rorqual est le deuxième plus grand cétacé après la baleine bleue. Ces espèces ont quasiment été exterminées par l’Homme jusque dans les années 1960.

Ces échouages répétés et spectaculaires ne sont malheureusement pas isolés. Cet été, plusieurs grands mammifères marins se sont perdus sur les côtes et dans les fleuves français. Au mois d’août, c’est un béluga qui errait dans la Seine. Cette espèce vit dans l’Océan Arctique et dans l’estuaire du Saint-Laurent, au Canada. Dans des eaux froides, à l’autre bout de la planète. Il est pourtant venu mourir dans l’eau sale et tiède du fleuve français, à plusieurs milliers de kilomètres de son écosystème naturel. Fin juin une baleine, probablement un rorqual, était observée à plusieurs reprises dans l’estuaire du Havre. Il a heureusement pu s’éloigner vers la mer, mais un tel animal n’a rien à faire dans un fleuve. Au mois de mai, c’est une orque qui était retrouvée dans la Seine lui aussi. Les orques sont des mammifères carnivores qui vivent en groupe, très intelligentes, développant de grandes aptitudes sociales. Encore une fois, un tel mammifère isolé dans un fleuve français est rarissime. L’orque perdue dans la Seine a agonisé pendant deux mois avant de mourir.

Entre le 1er janvier et la mi-février 2020, on estimait que 600 dauphins avaient été retrouvés morts sur les plages françaises. Un nombre qui n’a jamais cessé d’augmenter ces dernières années. Et qui est fortement sous-estimé, car la plupart des corps n’arrivent pas jusqu’aux plages. Les dauphins sont attirés par les bancs de poissons à proximité de nos côtes au début de l’année et se retrouvent pris dans le piège des filets des pêcheurs. Ils meurent asphyxiés, avant d’être rejetés à l’eau et de s’échouer. Des milliers meurent ainsi chaque année.

Les océans souffrent. Et ces grands mammifères qui meurent sur nos côtes en sont l’illustration. La surpêche détruit le stock de nourriture des baleines et des dauphins, quand elle ne les tue pas avec ses filets. Les gigantesques navires qui transportent leurs containers venus de l’autre bout du monde génèrent une pollution sonore gigantesque. L’océan n’est pas le monde du silence : l’humain y fait régner un vacarme assourdissant : le transport maritime ne cesse d’augmenter. Et comme les baleines se repèrent et communiquent par ultra-sons, elles sont rendues «aveugles» par le bruit des cargos. Ou par les travaux d’éoliennes en mer, nombreux dans l’Atlantique cette année. Le réchauffement des océans fait également proliférer des virus qui peuvent toucher les baleines, et modifie les équilibres naturels, les courants marins, la reproduction du plancton, dont se nourrissent les cétacés. Les rorquals peuvent aussi mourir de collision avec un navire, de maladies ou en absorbant des déchets plastiques ou des produits polluants.

Le capitalisme est en guerre contre le vivant. Ces trois baleines échouées nous envoient un message. La nature nous hurle sa détresse par tous les moyens. Saurons-nous l’entendre ?

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