Expulsions, messe avec Robert Ménard, chien appelé Poutine
Le 29 septembre, le compte officiel du préfet de l’Hérault, le département de Montpellier, affichait ce message :
«Je veux en finir avec la délinquance des SDF étrangers à Montpellier. Depuis le mois d’août, nous en avons arrêté 104, majoritairement des Algériens et des Marocains. Ils sont en grande partie responsables des vols et violences avec armes à Montpellier» a-t-il déclaré. «Nous serons intraitables avec eux. J’ai donné instruction aux CRS qui patrouillent en ville de ne pas les lâcher. Ces personnes ne sont pas les bienvenues ici.»
Une autre publication reprenait ces éléments de langage et la nationalité des personnes arrêtées. Ces messages xénophobes et sécuritaires ne proviennent pas du compte d’un vulgaire frontiste, mais d’un haut fonctionnaire de la République française, grassement rémunéré et disposant d’un pouvoir important.
Au bout de 2 heures, le tweet était effacé. Mais Zemmour, le Rassemblement National et de nombreuses personnalités d’extrême droite avait déjà félicité le préfet.
À la tête de la préfecture de Montpellier, Hugues Moutouh. Un pur produit de la droitisation générale de l’appareil d’État français. En juin 2005, il est «conseiller technique» au Ministère de l’Intérieur, alors tenu par Sarkozy. C’est le moment où le ministre, qui sera ensuite président, parle de «racailles» et de cités qu’il faut «nettoyer au karcher». C’est aussi le moment de la généralisation du Flash-Ball, puis du LBD au sein de la police. 2005, c’est l’année de la mort de Zyed et Bouna, deux adolescents électrocutés alors qu’ils fuyaient la police à Clichy-sous-Bois, déclenchant un soulèvement des quartiers dans tout le pays. Les émeutes seront férocement réprimées.
Depuis, Hugues Moutouh navigue dans l’appareil policier français comme un poisson dans l’eau. Il est fana des sports de combat, a appelé son chien Poutine, il multiplie les communiqués outranciers et les coups d’éclat répressifs.
En 2019, alors préfet de la Drôme, il poursuit le militant associatif Hakim Madi pour «diffamation à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique». La faute ? L’associatif avait dénoncé le «climat islamophobe» régnant dans le gouvernement Macron sur les réseaux sociaux.
Lorsqu’il arrive dans l’Hérault, Moutouh annonce la couleur : «Un préfet doit aller vite et savoir un peu jouer un rôle de bulldozer.» Il promet de «nettoyer Montpellier» et qualifie les SDF de «Zadistes». Jeudi 11 août 2022, Hugues Moutouh participe à une messe catholique pour l’ouverture des ferias de Beziers aux côtés du maire d’extrême droite Robert Menard. Une entorse au principe de laïcité tant vanté par les autorités républicaines.
À Montpellier, il fait arrêter huit sans-papiers membres d’un collectif à la gare de Montpellier, alors qu’ils venaient participer au sommet Afrique-France, et démantèle plusieurs camps de Roms par la manière forte alors qu’une concertation était en cours entre la mairie et les associations. Il menace également la militante féministe Anna Toumazoff d’une action en justice pour avoir dénoncé la façon dont des femmes victimes de viol ont été traitées dans un commissariat de la ville.
Didier Lallement à Paris, qui a militarisé la police et fait couler le sang des Gilets Jaunes. Claude d’Harcourt à Nantes, aux commandes lors de la mort de Steve et responsable d’une terrible répression contre les luttes sociales. Hugues Moutouh à Montpellier et ses envolées réactionnaires. Le corps préfectoral est composé d’individus dangereux, froids, choisis pour leur férocité. Les préfets sont des création de l’Empire Napoléonien, chargés de faire régner l’ordre impérial à l’échelle des territoires. Cette fonction policière d’un autre temps n’a pas vraiment d’équivalent dans les pays voisins, qui sont bien moins centralisés que la France. Il est temps de l’abolir.