Vendredi 14 octobre, un crime atroce a emporté une petite fille à Paris. C’est l’affaire Lola, 12 ans, collégienne, qui n’est pas rentrée après ses cours. Elle a été enlevée, torturée, violée et assassinée, avant d’être laissée dans une valise devant son immeuble. La meurtrière présumée est une femme de 24 ans, décrite par ses voisins et son ancien compagnon comme une personne en détresse mentale, mystique, «au comportement inquiétant», qui parlait toute seule. Elle est aussi de nationalité algérienne et fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Dans cette affaire épouvantable, c’est cette dernière information, la nationalité de la tueuse, qui va créer un emballement médiatique récupéré par l’extrême droite. Le 17 octobre, l’affaire est à peine médiatisée que l’équipe d’Eric Zemmour se précipite pour acheter des noms de domaines «manifpourlola.fr» et «justicepourlola.fr». La même après midi, ces mots clefs sont propulsés sur les réseaux sociaux par plusieurs plate-formes d’extrême droite, « Livre Noir» et «L’Incorrect», qui ont fait campagne pour Zemmour, et par Samuel Lafont qui s’occupe de la communication politique du parti Reconquête. Les sites d’extrême droite tournent à plein régime. La petite fille n’est même pas enterrée, les vautours se précipitent déjà sur son cadavre.
L’achat de ces noms de domaine est faite sans concertation avec la famille de Lola. Pire, les proches, effondrés, trouvent la force de faire savoir qu’ils refusent toute «récupération politique», mais les fascistes s’en moquent. Les hashtags au nom de Lola sont utilisés pour appeler à des manifestations le 20 octobre. Une pétition est lancée par l’association Damoclès, de Samuel Lafont, qui permet au parti d’extrême droite de recueillir une grosse base d’adresse mail sur le dos de la victime. Une pratique illégale. Eric Zemmour dénonce «un francocide de plus !», comme si la fillette avait été tuée parce que Française. Marine Le Pen ajoute : «Trop de crimes sont commis par des immigrés clandestins qu’on n’a pas voulu ou pas su renvoyer chez eux !»
L’obscénité est sans limite. Le site «manifpourlola» relaie les appels à manifester. Tout ce que la France compte de racistes, d’identitaires, de pétainistes utilise la photo de la petite fille comme avatar sur les réseaux sociaux. Après avoir subi un calvaire épouvantable et injuste, la mort de Lola est utilisée jusqu’à l’écœurement par les fascistes.
Les médias ne sont pas en reste. Ils dévoilent sans pudeur les moindres détails du martyr de l’adolescente avec une gourmandise effrayante et tentent de suivre la famille avec des équipes de caméras jusque dans le village où elle s’est retirée pour faire son deuil en paix, loin du tumulte. Il faut faire de l’audimat et du clic. Abjects charognards.
Le gouvernement Macron, jamais loin quand il s’agit du pire, annonce qu’il va «faire mieux concernant les expulsions d’immigrés irréguliers». Une façon de préparer la future loi qui durcira encore d’avantage les conditions de vie des étrangers en France, ce qui affaiblira encore davantage la prise en charge de maladies psychiques et viendra créer de nouveaux traumas…
«La gauche aussi récupère les victimes de violences policières ou d’actes racistes», répondront les vautours d’extrême droite. Sauf qu’il ne s’agit pas de récupération : ces mobilisations se font à la demande des proches des victimes et elles ont lieu pour réclamer justice dans le cadre d’affaires où les responsables sont systématiquement couverts. La meurtrière de la petite Lola est déjà derrière les barreaux et sera lourdement condamnée.
Ce jeudi, des rassemblements fascistes auront donc lieu dans plusieurs villes. À Paris, Jordan Bardella et Eric Zemmour ont annoncé leur participation, mais le leader du Rassemblement National vient de se rétracter tant la récupération est obscène. À Nantes, la manifestation est appelée par Cécile Scheffen, militante du parti Reconquête. Un autre crime effroyable a eu lieu dimanche dans la même ville : au petit matin, une mère de famille a été poignardée en pleine rue alors qu’elle se rendait au travail. Mais la victime s’appelle Nadia, elle était voilée, et le crime a eu lieu a proximité d’une mosquée dans une banlieue de Nantes. Cécile Scheffen et ses amis fascistes ne se préoccuperont pas de son sort.
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