Le 30 novembre 1999 : la bataille de Seattle


Le sommet des puissants du monde empêché par la révolte


C’était il y a 23 ans jour pour jour, dans une grande métropole d’Amérique du Nord. Le 30 novembre 1999, à Seattle aux Etats-Unis, devait se tenir le sommet de l’OMC – l’Organisation Mondiale du Commerce, WTO en anglais. Les maîtres du monde se retrouvent alors pour accélérer la libéralisation de tout ce qui pousse ou respire sur cette planète.

Contre ce sommet, des dizaines de milliers de personnes venues du monde entier convergent dans la ville. Il y a près de 50.000 manifestant.e.s, écologiste, syndicalistes, anarchistes… bien décidées à empêcher cette réunion. C’est le premier contre-sommet, l’acte de naissance du mouvement altermondialiste.

La répression est féroce. Les pacifistes se font gazer et tabasser au sol. Les cortèges de la gauche défilent de façon classique. Mais un nouveau mode de protestation surgit sur le devant de la scène : le Black Bloc. Des barricades sont enflammées, des vitrines brisées dans des cortèges insaisissables. Un réseau de médias indépendants en ligne couvre les mobilisations.

Les négociations sont vite éclipsées par l’ampleur des protestations. Le sommet devait permettre le lancement d’un nouveau cycle de négociations commerciales appelé «Le cycle du millénaire». Mais la police est débordée et le sommet capitaliste doit s’achever prématurément, sans rien avoir acté. La secrétaire d’État des USA doit rester cloîtrée dans son hôtel.

La police reçoit pour instruction d’ouvrir le feu si nécessaire, la Garde Nationale est déployée ainsi que des blindés, un couvre-feu est mis en place et l’état d’urgence décrété, mais la partie est perdue pour les puissants.

Un «communiqué du Black Bloc» circule sur internet, alors balbutiant : «Nous considérons que la destruction de la propriété n’est pas un geste violent à moins que cela ne détruise des vies ou cause des blessures. Selon cette définition, la propriété privée – en particulier la propriété privée des entreprises – est elle-même infiniment plus violente que toute action entreprise contre elle. […] Après le 30 novembre, beaucoup de gens ne regarderont plus une vitrine de magasin ou un marteau de la même manière qu’avant. Les utilisations possibles de l’espace urbain se sont multipliées par 100. Le nombre de vitrines éclatées est ridicule comparé au nombre de sorts brisés – sorts jetés par l’hégémonie des entreprises pour nous endormir et nous faire oublier toutes les violences commises au nom de la propriété privée et tout le potentiel d’une société sans elle.»

Le sommet est un échec, mais le capitalisme continuera de tout dévaster, toujours plus vite. Et les puissants du monde vont s’adapter. En 2001, à Gênes, lors du sommet du G8, l’État italien écrase la mobilisation altermondialiste qui rassemble des centaines de milliers de personnes. Un jeune manifestant, Carlo Giuliani, est abattu d’une balle en pleine tête, un centre social est attaqué par la police et ses occupants torturés. Les blessé.e.s et les traumatisé.e.s se comptent par centaines. Depuis, les polices du monde se militarisent, la surveillance s’accroît. Mais les révoltes se propagent aussi. Les contre-sommet ne sont plus les moments décisifs de la contestation. ZAD, Gilets Jaunes, cortèges de tête et «premières lignes» : partout, la révolte se réinvente, à partir des expériences passées. Notamment l’épisode historique de Seattle.

En 2020, lors de la grande révolte qui secoue les USA après la mort de George Floyd, une «Zone autonome» sera occupée pendant 3 semaines, en plein cœur de la ville de Seattle…

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