Le nucléaire : une énergie d’avenir


Coupures de courant inédites, dépendance aux livraisons russes, accidents et fissures…


Une cheminée de centrale nucléaire.

Dans les années 1950, les autorités françaises ont imposé à la population un projet fou : celui de l’industrie nucléaire. La France est, par rapport à sa population, le pays le plus nucléarisé du monde avec 56 réacteurs sur l’ensemble du territoire. Ce pari du tout nucléaire a fait l’objet d’intenses contestations : manifestations massives contre la construction de centrales, alertes sur la sécurité, notamment après la catastrophes de Tchernobyl, critiques nombreuses sur le coût et la viabilité d’une telle industrie.

L’État français est resté inflexible : il fallait absolument foncer, implanter le rêve technocratique d’un «parc nucléaire» français. Les autorités vantaient une énergie «peu chère», très sure, durable, et «l’indépendance énergétique» de la France. Nous sommes en 2022 : le choix de nos brillants dirigeants craque de partout. Dépendance, fuites, coupures d’électricité massives. On fait le point.

Livraisons russes

L’uranium qui sert de combustible aux centrales nucléaires ne pousse pas dans les arbres. La France est donc dépendante des pays qui possèdent ce minerais dans leur sol. C’est le premier mensonge des nucléocrates : «l’indépendance» n’a jamais existé. En réalité, la France importe l’uranium du Niger, du Kazakhstan, d’Australie… ou de la Russie. Et justement, malgré la guerre et les embargos, notre pays continue de recevoir des livraisons russes, en provenance de la firme Rosatom. «Des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix containers d’uranium naturel en provenance de Russie» sont arrivés par cargo dans le port de Dunkerque.

Le 29 novembre, EDF reconnaissait une livraison d’uranium de retraitement enrichi (URE) russe, car le pays dispose d’usines qui permettent de «recycler» l’uranium déchargé des réacteurs français. Et les stocks s’accumulent : 34.000 tonnes d’URT s’accumulent dans les entrepôts français, et leur volume augmente chaque année !

Qui est le groupe qui livre la France et échappe aux sanctions ? Rosatom, qui a fait la promotion en 2019 de son nouveau projet de centrale nucléaire flottante : une innovation mondiale. La centrale flottante est composée de deux réacteurs nucléaires intégrés à un navire de 144 mètres de long et 30 mètres de large. Mise en service en 2020, elle est prévue pour durer 40 ans. Au mois de mars 2022, en pleine guerre, la France a renforcé ses liens avec le groupe russe. EDF et Rosatom ont négocié la vente d’une usine de turbines située en France, équipant les centrales dans plusieurs pays. En toile de fond, un réseau de dépendance des Occidentaux à la filière nucléaire russe. La Russie détient 36% du marché mondial d’enrichissement de l’uranium et fournit plusieurs pays européens.

Coupures de courant

Après avoir nié l’imminence de coupures de courant en France, le gouvernement rétro-pédale. Comme sur tous les sujets, du Pass Sanitaire aux promesses électorales, ils ont menti. «Les coupures programmées ne devraient pas concerner plus de 4 millions de clients simultanément, pour une durée de deux heures» expliquent tranquillement les autorités. Comme si c’était normal. Ces coupures auront lieu sur des plages situées entre 8h et 13h et 18h et 20h.

Cela implique des restrictions inédites en France depuis des décennies : une coupure des communications téléphoniques et d’internet aux conséquences considérables. Coupée des réseaux, la population ne pourra pas joindre les services de secours par exemple. Même le numéro d’urgence, le 112, pourrait être indisponible dans les «zones blanches».

Les écoles vont fermer, car elles ne pourront pas accueillir les enfants sans chauffage, ni lumière, ni alarme. Et pour «simplifier» les choses, l’information ne sera diffusée que la veille aux écoles concernées. Les familles devront s’organiser au dernier moment pour garder leurs enfants.

Tout aussi fou, en cas de coupures de courant, les feux de circulation ne fonctionneront plus. Les Français seront donc appelés à «limiter leurs déplacements» y compris en voiture. La question des passages à niveau répartis sur tout le territoire est également posée : ils pourraient continuer à fonctionner, mais «tout dépend de l’autonomie de leur batterie».

Quant aux transports, en dehors du métro parisien qui sera «préservé», cela risque d’être compliqué. Pour éviter de se retrouver avec des passagers bloqués en pleine voie pendant des heures, la circulation pourra être complètement interrompue. Dans les grandes villes, il y aura des «délestages» sur les trams, eux aussi annoncés la veille.

Dans ce contexte, beaucoup de commerces et magasins vont fermer leurs portes, car ils ne pourront pas accueillir leurs clients ou leurs salariés. De même, les distributeurs de billets seront hors-service, tout comme les portes de garage, portes d’entrée des immeubles, ascenseurs… Un gros risque de se retrouver bloqué dehors, enfermé chez soi ou dans un ascenseur.

Accidents et fissures

Ces coupures qu’on croyait réservées aux pays en guerre ont des raisons. Il n’y a jamais eu autant de réacteurs nucléaires à l’arrêt en même temps. Durant l’été pour, une partie des réacteurs a été stoppée pour assurer l’entretien et le rechargement du combustible, et la reprise prend plus de temps que prévu. De même, EDF mène depuis trois ans de lourds chantiers pour prolonger la durée de vie des centrales de dix ans. Plutôt que d’imaginer des alternatives au nucléaire, investissons des milliards pour prolonger la vie de centrales dangereuses et trop vieilles !

Mais la principale raison qui explique l’indisponibilité du parc nucléaire, ce sont les fissures découvertes sur la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Civaux à l’automne 2021. Un phénomène de «corrosion», très inquiétant. Des cas identiques ont été détectés sur 7 réacteurs dans toute la France, qui demandent des réparations lourdes et longues.

Ces fissures, ce sont des risques accrus d’accidents nucléaires. Des accidents qui ont déjà lieu régulièrement. Le 21 septembre dernier, un incendie s’est déclaré dans l’usine Framatome à Romans-sur-Isère, au Nord de Valence. Un atelier contenant de l’uranium a failli s’embraser.

Le 21 décembre 2021, EDF annonçait avoir pollué les sols et les eaux sous la centrale du Tricastin, dans la Drôme. 900 litres d’effluents provenant de la zone nucléaire ont débordé et se sont déversés dans le réseau de collecte d’eaux pluviales. La même semaine, le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Cattenom, dans le Grand Est, s’est arrêté soudainement suite à un «problème électrique».

Dans la même centrale, un autre «incident» vient d’être signalé. En 2019, l’ACRO – Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest – relevait la présence de tritium, élément radioactif issu des centrales, dans l’eau de la Loire et celles du robinet à Nantes. Ce ne sont que quelques exemples, parmi ceux qui sont rendus publics. Et nous n’avons parlé ni des déchets, ni du démantèlement de ces centrales, deux sujets insolubles, extrêmement coûteux, et que personne ne sait régler à l’heure actuelle.

Le modèle productiviste, capitaliste et autoritaire est à bout de souffle. En quelques années, nous avons déjà vécu ce qui aurait été considéré comme un futur apocalyptique il y a peu : une pandémie mondiale avec des confinements, des canicules et sécheresses jamais vues, une guerre en Europe et des pénuries soudaines qui s’accompagnent de coupures d’électricité dans l’un des pays les plus riches du monde. Les dirigeants, irresponsables et cupides, ont tout saboté, et veulent continuer vers le précipice.


L’effondrement a commencé : à nous d’imaginer les alternatives.


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