Il y a 4 ans, la mort de Zineb Redouane


Son portrait projeté sur le tribunal de Marseille et sur son immeuble


1er décembre 2018. Le soulèvement des Gilets Jaunes déferle sur le pays. Et à Marseille, la colère gronde suite à l’effondrement d’immeubles insalubres qui ont coûté la vie à plusieurs habitants. Des milliers de personnes manifestent pour la dignité, contre le mal-logement, et sont rejointes par le cortège des Gilets Jaunes. Sur la Canebière, c’est l’affrontement. Charges, grenades : Zineb Redouane, octogénaire, ferme la fenêtre de son appartement au quatrième étage, pour se protéger des gaz. Elle reçoit alors une grenade lacrymogène, en tir tendu et en pleine tête. Elle est très gravement blessée au visage. Zineb Redouane meurt le 2 décembre à l’hôpital.

Le ministre de l’Intérieur affirme que la mort de la vieille dame n’est pas causée par la police. Pourtant, l’unité de CRS à l’origine du tir va refuser de faire expertiser ses armes : une obstruction à l’enquête. Des pratiques ouvertement mafieuses. Plus grave encore, on apprendra que des policiers ont «nettoyé» la scène du crime immédiatement, en allant récupérer les projectiles directement dans l’appartement de Zineb Redouane, alors agonisante. Tout aussi choquant, le procureur en charge du dossier se trouvait avec les CRS qui ont tiré au moment des faits ! Une photo prise le 1er décembre montre ce magistrat habillé en tenue de ninja aux côté des lignes de police. L’homme en charge du dossier était donc aussi au cœur de la répression. Il a depuis été dessaisi du dossier. Une enquête du groupe de travail Index prouvera le tir du CRS vers la fenêtre en reconstituant la scène.

Même après sa mort, l’État fera tout pour effacer la mémoire de la défunte. Pour commémorer les trois ans de sa mort, une plaque au nom de Zineb Redouane avait été apposée dans la rue où elle habitait. Moins de 24h plus tard, la plaque était arrachée. Comme pour effacer toute trace. Le lendemain, la marche en hommage à Zineb Redouane avait été interdite par la préfecture.

Tout dans cette affaire d’État est gravissime. Quatre ans plus tard la mort de Zineb devrait être un des sujets majeurs de l’actualité politique. Cette affaire incarne à elle seule les principaux problèmes de l’époque : répression militarisée, néolibéralisme, racisme, mensonge d’État, impunité policière.

Le 2 décembre 2022, 4 ans après les faits, alors que la justice n’a pas été rendue, le portrait de Zineb Redouane a été projeté sur le mur de l’immeuble où elle fut tuée et sur le tribunal de Marseille. Pour ne pas oublier.

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