Chine, Iran : les révoltes paient

Sur des images de révolte, la police des mœurs supprimée en Iran et des restrictions sanitaires assouplies en Chine

Iran : abolition de la police des mœurs

Dans le régime dictatorial et religieux d’Iran, une insurrection dure depuis le 16 septembre. À cette date, la police des mœurs avait arrêté une jeune femme kurde de 22 ans, Jina Mahsa Amini, mettant en cause le port de son voile. Elle était décédée peu après. Les rues des grandes villes se sont embrasées, la chape de plomb du régime a sauté, et des milliers d’iraniens et d’iraniennes se sont organisés de façon décentralisée en multipliant les actions et répandant le mot d’ordre : «femme, vie, liberté».

Les forces de l’ordre ont même été tenues en échec les premiers jours. Depuis, la police a tué des centaines de manifestant-es, arrêté des milliers d’autres. Mais après trois mois de contestation, le procureur général d’Iran annonce l’abolition de la police des mœurs par les autorités. Des changements concernant le port du voile ont même été évoqués samedi, le procureur expliquant que le parlement «travaille» sur la question. Le voile est devenu obligatoire en Iran quatre ans après la révolution islamique de 1979, et la police des mœurs a été créée pour «répandre la culture de la décence et du port du voile».

Les femmes sont le fer de lance du mouvement en Iran et ont parfois brulé publiquement leur voile, la jeunesse s’est mobilisée dans les universités. Ces premières concessions feront-elles taire la colère ? Ce jeudi matin, la maison et la voiture d’un juge pénal, de ceux qui condamnent à mort les manifestant-es, ont été incendiées à Mashhad. En Iran, cet automne de feu laissera des traces.

Chine : assouplissement des confinements

Du jamais vu depuis la révolte de la place Tian’anmen en 1989 : des dizaines de milliers de chinois-es en colère dans les rues des grandes métropoles. En Chine, les autorités imposent depuis trois ans une «stratégie zéro Covid», des mesures sanitaires extrêmement liberticides qui permettent de maintenir la population en état de soumission totale. Confinements à répétition, camps de concentration pour personnes positives, check points, réclusion dans des immeubles, tests et pass sanitaire omniprésents. Et pourtant le virus circule tout de même.

La colère a démarré d’une usine géante fabriquant des Iphone la semaine dernière : la police a été attaquée à coup de barrières, les ouvriers ne supportaient plus le confinement total, excepté pour aller trimer. Une vie d’esclaves. Cette rage s’est répandue à la ville d’Urumqi, où les secours n’avaient pas pu sauver des victimes d’un incendie à cause des restrictions sanitaires. Et la plupart des grandes villes ont suivi : barricades, affrontements, défilés, destructions de cabines de tests… Un évènement inattendu dans ce pays ultra-répressif.

La mobilisation vient d’obliger le président Xi Jinping à assouplir les mesures dans plusieurs régions. «Les gens étaient frustrés» concède-t-il. Plusieurs villes ont commencé à lever certaines restrictions, comme l’obligation de tests quotidiens de masse qui pourrit quotidienne la vie de centaines de millions de chinois-es depuis 2020. Dès lundi, les Pékinois-es pourront à nouveau emprunter le bus et le métro sans avoir à présenter un résultat de test PCR négatif datant de moins de 48 heures, a annoncé la mairie.

Dans de nombreuses villes, on prévoit la réouverture des restaurants, des centres commerciaux et même des écoles. À Urumqi, les supermarchés, hôtels, restaurants et stations de ski seront progressivement rouverts. En Chine, rappelons tout de même que si les règles s’assouplissent, la dictature verrouille les libertés et les mesures sanitaires resteront contraignantes.


En Iran, en Chine ou ailleurs, seule la révolte permet de faire bouger les lignes. Seul le rapport de force bouscule les tyrans.


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