Reportage
Midi, place de la République à Paris, en ce samedi de Noël. L’ambiance est lourde. Des milliers de personnes sont déjà rassemblées suite à l’attentat qui a tué trois militants et militantes kurdes devant un local associatif du 10ème arrondissement la veille. Le tueur, un terroriste d’extrême droite qui se revendique «raciste», sortait tout juste de prison après avoir tenté de tuer des réfugiés à coups de sabre et possédait de nombreuses armes à feu.
Dans une forêts de drapeaux aux couleurs vives, de nombreuses organisations kurdes sont sur place. Les discours se succèdent, en français et en kurde, en présence d’élus de gauche. Soudain, une clameur et un mouvement de foule sur le côté de la place. Des nationalistes turques d’extrême-droite sont venus provoquer le rassemblement en faisant le signe des Loups Gris, une organisation paramilitaire fasciste turque. Les provocateurs ont insulté les kurdes en les traitant de «terroristes». Leur véhicule est poursuivi par des centaines de personnes, déjà très en colère.
Un imposant service d’ordre tente de stopper la foule, mais c’est peine perdue. Une ligne de policiers s’interpose et gaze tout le monde. Il y a des malaises causés par les lacrymogènes. C’est le début de plusieurs heures d’affrontements. Pendant que des barricades sont montées et que des échanges de projectiles ont lieu sur le boulevard, les discours et les appels au calme continuent Place de la République. Mais la colère est décuplée par le blocage des forces de l’ordre, qui empêchent tout départ en cortège. Seul un rassemblement statique est autorisé. Plusieurs voitures sont retournées et enflammées devant le Cirque d’Hiver. La police doit reculer à plusieurs reprises. Les manifestant-es avancent et refluent dans les gaz, on entend le slogan «femme, vie, liberté» ainsi que des chant du Parti des Travailleurs du Kurdistan.
La plupart des personnes qui participent aux affrontements n’ont pas de protection et sont à visage découvert, signe d’une rage spontanée. De très nombreuses grenades et balles en caoutchouc sont tirées. Le boulevard est jonché de projectiles sur des centaines de mètres. Les forces de l’ordre ne reprendront la Place de la République que vers 16h.
La colère est vive, contre l’extrême droite, contre le laisser-faire coupable des autorités françaises, contre les oppressions séculaires subies par le peuple kurde. Cette colère kurde, malgré tous les appels au calme répétés au micro, s’est exprimée ce 24 décembre dans les rues de la capitale.
Photos : Contre Attaque et presse mainstream
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