Indonésie : des ouvriers en grève incendient leur usine


L’extraction du nickel, un désastre social et environnemental


L'usine incendiée en Indonésie

Le capitalisme épuise la terre et les hommes. Encore un exemple en Indonésie, avec une révolte ouvrière au sein d’une usine de raffinage de nickel.

Le nickel est utilisé notamment pour les batteries de voitures électriques, et la demande explose pour faire rouler les Tesla d’Elon Musk comme les véhicules de masse fabriqués par la Chine ou l’Occident. Il est présent dans le sol de plusieurs archipels d’Indonésie. Depuis 15 ans, c’est la ruée vers ces gisements rares et de nombreuses mines et usines poussent dans ce pays asiatique. L’extraction du nickel ravage des écosystèmes entiers.

L’Indonésie, pays de 275 millions d’habitants, possède les plus grosses réserves de nickel au monde : près du quart, 21 millions de tonnes. Et la Chine, grande productrice de véhicules électriques, exploite d’immenses usines dans le pays. Dans les îles Obi par exemple, aux eaux turquoises, les pêcheurs ont vu les poissons disparaître de la mer. La pollution a transformé les eaux côtières en «flaque de boue» en raison des niveaux élevés de contamination par les métaux lourds. Des millions de tonnes de produits chimiques issus de l’activité minière se déversent dans les sols et dans l’océan. À la saison des pluies, la mer devient rouge.
Dans l’île des Célèbes, 18 entreprises sont implantées dans un gigantesque parc industriel financé par la Chine, générant des milliards de dollars de chiffre d’affaire. C’est sur cette île qu’une grève contre les mauvaises conditions de travail dans une fonderie de nickel a viré à l’émeute.

Les ouvriers ont incendié des machines et des engins de chantier de l’usine, le 14 janvier 2023. Les grévistes réclamaient des augmentations de salaires et des garanties sur la sécurité des travailleurs. Ils n’ont pas été entendus, et la direction a utilisé des briseurs de grève. La colère a embrasé le site : un dortoir, des camions, des équipements lourds et des bâtiments auraient été brûlés. Deux personnes sont décédées, notamment un ressortissant chinois. La police a été déployée en masse sur le site et près de 70 grévistes ont été arrêtés.

Les syndicalistes indonésiens dénoncent l’importation de travailleurs chinois pour servir de main d’œuvre subalterne, privant les locaux d’emploi. Pour les habitants sur place, l’environnement est dévasté, et la plupart ne profitent même pas des fruits de l’exploitation de leur terre.


Des affrontements sporadiques éclatent dans les usines de nickel ces dernières années. Le gouvernement indonésien a annoncé une meilleure réglementation concernant les accidents du travail.


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