Plus de 50.000 personnes à Nantes contre la casse des retraites
Jeudi 19 janvier, matinée glaciale et pluvieuse à Nantes. Pourtant la vaste esplanade du miroir d’eau se remplit rapidement. Et elle est vite noire de monde, une foule compacte, impressionnante. L’avant du cortège s’ébranle après 11h, il s’étire à perte de vue.
Combien sommes nous ? Des dizaines de milliers. Plus de 50.000 dans la rue. Alors qu’un premier tour du centre-ville est effectué par l’avant du défilé, le point de départ de la manifestation est encore rempli de personnes qui n’ont pas démarré. Dans le cortège, des tracteurs, des étudiant-es, des retraité-es et des lycéen-es, tous les syndicats, collectifs et partis de gauche. La foule des grands jours.
Selon la presse locale, il n’y a pas eu une aussi grosse manifestation à Nantes depuis 20 ans. Et c’était contre Jean-Marie Le Pen en mai 2002, pas en plein mois de janvier par grand froid. La colère est là, massive, partagée. On se souvient aussi de manifs à 100.000 personnes en 2006 contre le CPE, qui avait fini par être retiré par le gouvernement De Villepin.
Pourtant, cette marée populaire est restée calme, et même sage. La créativité du cortège de tête s’est manifestée devant quelques agences d’intérim, repeintes le long de la Loire, et par de nombreuses affiches et tags sur le parcours. Par endroits des batucadas, fanfares et chorales donnaient de la joie et du rythme. Mais globalement, la déferlante a terminé sa course tranquillement sur la grève, sans grands remous.
Vers 13h, sur l’île de Nantes, les énergies douchées par la pluie se dissipaient. C’est un paradoxe : si les rues de la ville ont rarement été aussi remplies, elles ont aussi rarement été aussi calmes. Dès l’après-midi, c’est comme s’il ne s’était rien passé.
Macron et ses conseillers savaient que leur projet destructeur et violent allait mettre du monde dans la rue. Peut-être n’avaient-ils pas anticipé l’ampleur exceptionnelle de l’opposition, mais cela entrait dans leurs prévisions. Ce gouvernement de combat est capable d’encaisser encore d’autres journées de manifestations massives. Si elles ne bloquent rien, le pouvoir ne bougera par d’un centimètre sur les retraites. Macron l’a d’ailleurs dit dans les médias : quelle que soit l’ampleur de la mobilisation, il ne compte pas reculer. Il faudra donc davantage pour qu’il se sente menacé.
Maintenant qu’une masse immense a pris la rue pour cette première date, et que la grève a été massivement suivie, comment transformer cet élan populaire en victoire ? Le plus dur est fait : sortir de l’impuissance qui a duré toute la séquence électorale l’an dernier. Désormais, c’est à notre portée.
D’autres rendez-vous sont déjà prévus à Nantes :
- Samedi 21 janvier, 14h, place Bretagne, à l’appel des Gilets Jaunes
- Jeudi 26 janvier, pour une deuxième journée de grève et de mobilisation
Images : Presse locale et CA