Opréation Orion : à quoi joue le gouvernement ?


L’armée s’entraîne à la guerre urbaine dans une ville française


«Les forces partenaires et alliées sont prêtes. Il est sept heures du matin ce vendredi 10 mars, la force Orion investit les rues de Cahors. […] Après avoir parcouru près de 400 kilomètres, les blindés ont repris des points stratégiques dans les hauteurs de la ville. L’objectif : permettre aux parachutistes, Gurkhas et force partenaire de s’emparer du dernier bastion ennemi». Voilà le récit que l’on peut lire sur le site officiel du ministère de la défense, le 11 mars 2023, accompagné de photos de soldats armés dans la ville du sud de la France. La 3ème Guerre Mondiale n’a pas encore commencé, mais les autorités françaises semble déjà saliver à l’idée d’un nouveau conflit militaire.

Pendant des jours, des explosions ont retenti au milieu des civils, des treillis et des chars d’assaut ont sillonné la ville de Cahors, des rafales de balles à blanc ont résonné. «On voit des grenades qui sont lancées, des militaires qui tirent de partout et c’est assez impressionnant» expliquait une habitante à la chaîne France 3. Une autre a été réveillée à 7h du matin par «des tirs à l’angle de la maison et une trentaine de militaires postés devant le portail». Une ambiance très inquiétante.

L’opération porte le nom d’Orion, c’est un immense entraînement à la guerre, en conditions réelles, en terrain urbain, au milieu des habitant-es. Cette guerre fictive oppose la Forad, Force adverse, et la Force alliée composée des Français et des forces «Arland», un pays imaginaire. Orion s’inspire d’un scénario développé par l’OTAN.

Il s’agit du plus grand exercice militaire en milieu urbain depuis 20 ans. «Ça permet d’entraîner chacune de nos unités» explique un militaire, «on a déployé beaucoup de moyens pour pouvoir s’entraîner dans des conditions qui collent le plus possible à la réalité. Les conditions d’entraînement sont exceptionnelles. On déploie beaucoup de savoir-faire», ajoute-t-il, gourmand.

L’exercice Orion a mobilisé au total 7.000 militaires depuis fin février. Il s’est terminé le 11 mars. «La dernière phase de cette opération de grande ampleur a été marquée par la bataille de Cahors» explique l’armée, qui s’y croit déjà. Les soldats ont dû attaquer des positions, sauter en parachute sur des cibles, tenir les ponts de la ville avec des mitrailleuses…

À quoi sert cette débauche de moyens ? Pourquoi nous habituer à des scènes de guerre dans une petite ville du sud de la France ? Quel message souhaite faire passer le gouvernement ?

Des militaires décrivent auprès de spécialistes de l’armée française un «grand coup de com» : «On a joué à la guéguerre pour faire plaisir à l’exécutif». C’est donc bien à la demande du pouvoir en place que la population civile est contrainte de cohabiter avec ces scènes et que les militaires s’entraînent en terrain urbain à une guerre civile. Pourquoi ? L’OTAN est-elle en train de se préparer à des batailles urbaines en Europe de l’Ouest ? Des exercices du même type ont-ils lieu dans les pays voisins ?

Le 20 janvier, Macron présentait ses vœux aux forces armées. Il annonçait un chèque mirobolant pour les militaires : 413 milliards d’euros à l’armée ces 7 prochaines années, soit 57 milliards par an. Un chiffre vertigineux, car les dépenses totales de l’État français par an représentent autour de 500 milliards d’euros tout compris. L’armée devient l’une des première dépenses publiques en France. En parallèle, Macron veut enrôler les lycéen-nes dans des stages militaires et patriotiques obligatoires : le Service National Universel.

Dès 2020, le journal Le Canard Enchaîné écrivait : les conflits de «haute intensité» seront les «batailles de demain», en citant le chef d’état-major de l’armée française et le patron de l’armée de terre. Les deux généraux prévoyaient un «retour des rapports de force» aux portes de l’Europe, «avec tous les risques d’escalade possibles». Ils plaidaient pour «un nouveau modèle d’armée complet» dissuasif en vue de «conflits de haute intensité». Et c’était avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Les militaires imaginaient, déjà, des interventions qualifiées de «contre-insurrection», et réclamaient des moyens en conséquence. Le journal expliquait que des entraînements allaient être organisés dans les camps militaires avec des «tirs réels». L’objectif de ces préparations ? «Aller chercher l’ennemi au sein de la population». «De quelle population s’agit-il donc ? Celle de l’ennemi, ou une autre ?» s’interrogeait Le Canard Enchaîné.

Le capitalisme est en crise globale, la bourgeoisie gouverne sans aucune légitimité et les contestations augmentent partout, alors que le désastre climatique est là. Nous sommes à la fin d’un cycle, et un autre modèle va s’imposer. À moins que ? Les puissants cherchent-ils a solder la crise par une bonne guerre ? Empêchons ce scénario macabre, freinons la spirale militariste et les instincts de mort des gouvernants avant qu’il ne soit trop tard.

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