21 mars : Nantes est une fête


10.000 personnes dans une marche nocturne enflammée


21 mars, premier jour du printemps. Dès les premières heures du jour, l’agglomération nantaise était bloquée comme jamais : le périphérique paralysé en plusieurs points par des centaines de personnes : syndicalistes, étudiant-es, révolté-es de tous horizons.

Quelques heures plus tard, rendez-vous à la tombée de la nuit pour une marche aux flambeaux. Place Bretagne, il y a des milliers de personnes et une ambiance électrique. De la musique, des slogans, une foule très compacte. Ce soir, c’est une colère sourde qui s’exprime. Une banderole du collectif BlackLines synthétise : «flambée des colères». Avant même le départ, il y a déjà des tags et un petit feu.

Une nuée de flambeaux allumés s’élance vers la rue de Calvaire. Cette fois-ci, plus question de céder aux injonctions du préfet qui, de toute façon, ordonne la répression. On passe par la principale artère commerçante du centre ville. Dès la première intersection, la police reçoit des feux d’artifice, une barricade est en flamme, et les premiers gaz sont envoyés. Les agressions sexuelles et l’ultra-violence de la police nantaise sont dans toutes les têtes et scandalisent évidemment tout le monde. Les autorités locales sont allé trop loin.

Le cortège progresse lentement, soudé, attendant de se reconstituer. Les camions syndicaux mettent l’ambiance alors que devant, un énorme cortège de tête allume d’innombrables feux et sème des tags. La rue du calvaire est dans un brouillard mêlé de fumées noires, de fumigènes et de gaz.

Une banque est défoncée. Nouveaux gaz Place du Cirque. Une ligne de parapluies et une banderole protègent le passage du cortège. Il y a des feux partout. Des flambeaux allument des poubelles qui allument des flambeaux, et ainsi de suite.

Un camion syndical joue le morceau «fuck le 17» au milieu des gaz. La police est tenue en respect. L’unité d’action sur les blocages comme dans la rue fait chaud au cœur. Malgré la grande tension du moment, il y a quelque chose de festif dans la rue.

Le commissariat, repeint de blanc à l’arrache après la folle journée de samedi, est intégralement recouvert de tags. Au niveau de Feydeau, c’est un festival pyrotechnique. Toutes les provocations policières sont accueillies par des feux d’artifice et des charges. Quelques cocktails font reculer une ligne. La police tire énormément et blesse plusieurs personnes au LBD. La BAC vise avec son laser vert tout ceux qui passent dans sa ligne de mire.

Au miroir d’eau, tout le monde tient bon dans les gaz, malgré plusieurs charges. Des grenades explosives sont tirées. Quelques milliers de personnes retournent vers Commerce et Bouffay. Un assureur est dévalisé, le mobilier sert de barricade. Les voies de tramway sont dépavées. Des rails sont en feu sur plusieurs mètres, comme si la voiture de «retour vers le futur» était passée à Nantes. Plusieurs groupes tiennent la rue. Un calme relatif ne reviendra qu’après minuit, épilogue d’une nouvelle nuit de feu.

Rendez-vous demain jeudi pour la grève générale !


???? : Oli Mouazan, Estelle Ruiz, Marion Lopez, James C., CA

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