ONU, Conseil de l’Europe, Maison Blanche, presse internationale : l’escalade autoritaire et policière du régime Macroniste est dénoncée un peu partout dans le monde. Tour d’horizon :
ONU
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) accréditée auprès de l’ONU, a décidé d’alerter les instances internationales à propos des interpellations de masse en France et la montée de l’autoritarisme. Plusieurs milliers d’arrestations ont eu lieu en deux semaines, essentiellement à Paris, pour écraser la contestation montante suite au 49-3. La CNCDH saisit les mécanismes de surveillance des Nations Unies quant aux agissements des forces de l’ordre et l’arrestation de journalistes durant les manifestations.
Clément Voule, rapporteur spécial des Nations Unies, a déclaré : «Je suis de très près les manifestations en cours et rappelle que les manifestations pacifiques sont un droit fondamental que les autorités doivent garantir et protéger» et a appelé le gouvernement «à ouvrir des négociations avec les manifestants pour éviter toute détérioration».
Conseil de l’Europe
La Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a dénoncé le 24 mars un «usage excessif de la force» envers les manifestants. Elle a précisé que «les actes de violence sporadiques de certains manifestants ne sauraient justifier l’usage excessif de la force par les agents de l’État […] Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion».
La France est régulièrement rappelée à l’ordre sur les libertés fondamentales au même niveau que l’Italie ou la Hongrie, pays gouvernés par des néofascistes. Macron est une des nuances de l’extrême droite. Le Conseil de l’Europe appelle les autorités françaises à «permettre l’exercice effectif de ces libertés, en protégeant» les manifestants et les journalistes «contre les violences policières».
Maison Blanche
Lors d’une conférence de presse, un porte-parole de la présidence américaine a été interrogé sur le maintien de l’ordre en France, à l’occasion du mouvement social en cours. À propos de l’alerte du Conseil de l’Europe sur la répression française, il a répondu : «Tout cela commence seulement à être connu». Il a ajouté que son pays «soutenait le droit de manifester pacifiquement là-bas comme partout ailleurs».
Une position hypocrite, étant donné les violences systémiques et le racisme de la police États-Unienne, mais ce rappel a le mérite de souligner que les élites françaises, qui se répandaient en soutien de façade au moment du meurtre de George Floyd, n’ont aucune leçon à donner en matière de sauvagerie policière.
Amnesty International
L’ONG de référence sur les questions de droit de l’Homme a publié un nouveau communiqué inquiet : «depuis janvier 2023, des manifestations ont lieu partout en France. Nous alertons sur le recours excessif à la force et aux arrestations abusives, signalé dans plusieurs médias». Amnesty International rappelle aussi «que la participation aux manifestations non déclarées n’est pas un délit».
Presse internationale
Le journal allemand de droite FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung) décrit Macron comme «arrogant» et «vertical», de même que le grand journal espagnol El Pais : «l’année dernière, de nombreux électeurs ont dû voter pour un homme arrogant qu’ils détestaient afin d’empêcher l’extrême droite de gagner ; aujourd’hui, ils font payer à Macron cette terrible épreuve».
L’hebdomadaire britannique The Economist s’inquiète lui aussi : «Lorsque les électeurs ont refusé en juin dernier de donner une majorité parlementaire au président réélu, certains ont espéré que cela contribuerait à l’émergence d’une culture politique plus consensuelle en France. Jusqu’à présent, il semble que ce soit le contraire qui se soit produit».
La Cinquième République est un régime autoritaire unique en Europe, imposé pendant la Guerre d’Algérie et qui devait être temporaire le temps de gérer la crise. 60 ans après, Macron a les pleins pouvoirs mais pas la moindre légitimité, et passe en force sur tous les sujets. Une mesure comme le 49-3 est inimaginable ailleurs. Les pays voisins n’ont pas une Constitution aussi autoritaire et regardent la France comme une anomalie.
Rien de bien nouveau : il faut faire tomber le régime
Ces alertes ne sont pas nouvelles. Ces dernières années, Amnesty International a dénoncé à plusieurs reprises la France pour sa «répression des manifestations pacifiques» et ses entraves à la «liberté d’expression», la Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné la France, en 2019, l’ONU a réclamé une enquête internationale sur «l’usage excessif de la force» contre les Gilets Jaunes, dénonçant dans le même rapport la répression violente des manifestations au Soudan, au Zimbabwe et en Haïti.
The Economist s’était déjà alarmé d’un «énorme recul des libertés démocratiques» et avait classé la France dans la catégorie des «démocraties défaillantes». L’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture publie plusieurs rapports accablants et documentés sur la police française. De grands journaux allemands d’opinion centriste ont décrit la France comme un «Absurdistan autoritaire» et même un pays à la veille du fascisme, faisant un parallèle avec «la République de Weimar finissante».
En 2021, une tribune signée par 23 grands intellectuels reconnus mondialement, dont Noam Chomsky ou Angela Davis, s’affolait du «recul de la démocratie en France», évoquant les lois autoritaires et des mesures racistes de Macron, qualifiées de «menace pour la liberté dans le monde».
Tout cela n’a freiné ni l’usage de l’arsenal policier, ni la surenchère policière, au contraire. Les témoignages, les beaux principes et les pétitions n’enrayeront pas la machine. Avoir raison ne suffit pas. Il faut s’organiser pour peser sur le cours des choses. Aucune forteresse n’est imprenable : il reste à trouver les failles. Empêcher la marche vers l’obscurité. Nous avons le nombre, le courage et l’intelligence pour le faire.
Photo : Gaspard Glanz