La répression démarre toujours par la désignation d’un ennemi intérieur. Avant de frapper des catégories de la population, le gouvernement crée, en amont, des termes effrayants pour les désigner et les disqualifier.
En 2007, la police politique médiatise le terme «ultra-gauche» pour légitimer la contestation montante après le mouvement victorieux du CPE. En réalité, l’ultra-gauche désigne une tendance très spécifique de la gauche révolutionnaire qui émerge dans les années 1920, et qui ne se reconnaît pas dans le léninisme. Mais nos services de renseignements n’utilisent pas ce mot en connaisseurs affinés de l’histoire des luttes. Ils l’utilisent parce que le préfixe «ultra» fait peur, marque les esprits.
C’est dans ce contexte qu’a lieu «l’affaire Tarnac», une opération anti-terroriste contre des militants qualifiés «d’ultra-gauche», qui seront relaxés des années plus tard. Depuis, le terme est repris par tous les médias pour désigner quiconque s’organise et lutte de façon conséquente.
En 2018, le pouvoir est surpris par le soulèvement des Gilets Jaunes. Monsieur et Madame tout le monde bloquent des ronds-points en tenue fluo, barricadent les Champs-Élysées, affrontent la police. La révolte est soutenue massivement, il faut donc créer une étiquette infamante et effrayante. La police politique va parler «d’ultra-jaune». Et la répression va se déchaîner contre le mouvement. S’ils sont «ultras», ils ont bien mérité de se faire mutiler et arrêter.
Et maintenant ? Dans un article de France Info, la police évoque les «ultra-syndicats». C’est-à-dire les syndicalistes qui veulent continuer la lutte et les grèves contre le projet injuste et illégitime de Macron sur les retraites. La mobilisation syndicale étant soutenue par l’écrasante majorité de la population, il faut enfermer les syndicalistes les plus courageux et engagés dans une étiquette «ultra».
Et après ? Quelle propagande policière sera relayée par les journalistes ultra-paillassons ? Les «ultra-droits de l’homme» de la LDH ? Les «ultra-FI», ce dangereux parti qu’il faut interdire ? Les «ultra-séparatistes» qui critiquent Marlène Schiappa ?
Nous avons déjà les «écoterroristes» qui permettent de justifier 5000 grenades sur une manif défendant l’eau… Dans le même temps, des partis néofascistes sont qualifiés de «droite nationale», dédiabolisés et invités constamment dans les médias. En revanche, les «ultras» n’ont pas le droit à la parole. La fabrique de l’ennemi intérieur tourne à plein régime.
Bientôt, quiconque ne sera pas d’extrême droite ou Macroniste sera désigné comme un ultra, à éliminer.
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