Allemagne : le mouvement social arrache des hausses de salaires

Le déroulé des augmentations de salaires en Allemagne : loin de l'autoritarisme français.

Novembre 2022 : les salariés du secteur de l’industrie métallurgique et électrique arrachent des hausses de salaires de 8,5%, pour près de 4 millions de travailleurs et travailleuses. Ces augmentations ont lieu sur fond d’inflation, de débrayages dans les entreprises et de menaces de grèves durables de la part des syndicats. Pour éteindre l’incendie, les patrons doivent céder.

Mars 2023 : après de longues négociations, la direction de la Poste allemande accepte des augmentations de 11% à 16% pour 90% des 160.000 salarié-es du groupe public. Le grand syndicat du secteur promettait une grève illimitée. Cette victoire renforce la détermination dans les autres secteurs du monde du travail.

Avril 2023 : près de 2,5 millions d’employé-es du secteur public en Allemagne, travaillant soit pour l’État soit pour les collectivités locales obtiennent une augmentation générale de 5,5 %, à la suite de plusieurs semaines de mouvements sociaux. La hausse démarrera officiellement en 2024, mais des compensations de 3000€/an seront versées par tranches dès le mois prochain pour répondre à l’inflation. Ici encore, la menace de grèves illimitées paie. Un journaliste allemand explique à France Info : «le mouvement social en France a carrément déclenché des discussions sur le sens de la vie, sur le sens du travail».

Le rapport de force déterminé avec l’État et le patronat sont les seules voies possibles pour arracher des victoires. En Allemagne, le paysage syndical est très différent du nôtre. Les syndicats sont plus gros et l’État négocie davantage, dans le but d’éviter les conflits sociaux ouverts. Il n’en reste pas moins que c’est la menace de grèves totales et illimitées qui a payé. Pas les «journées» de grève espacées d’une semaine. Scénario perdant répété à chaque mouvement en France, y compris depuis janvier contre la réforme des retraites.

Au total, des millions de français ont fait grève 12 journées isolées. 12 jours de salaire perdus, et il n’y a pas eu de blocage effectif de l’économie. En revanche, 12 journées de grève de suite auraient paralysé le pays pendant presque 2 semaines, et probablement fait reculer le gouvernement.

Nous avons au pouvoir des néolibéraux radicalisés et autoritaires, bien plus violents que les dirigeants allemands. Inspirons-nous de ce qui marche ailleurs, chez nos voisins mais aussi en Amérique Latine par exemple : grèves illimités, blocages, situations incontrôlables, occupations…

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Une réflexion au sujet de « Allemagne : le mouvement social arrache des hausses de salaires »

  1. C’est une demande des syndicats de base pourtant cette grève d’une semaine…
    Mais les confédérations ne suivent pas…
    On a quand même besoin d’un préavis de grève confédéral pour couvrir les salariés…
    Une pétition demandant aux organisations syndicales de lancer une grève dure d’une semaine ne peut elle pas s’être lancée… Ça les obligerait a se bouger…

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