Et si on s’installait sur les périphériques pour tout bloquer ?


La «Confédération des petites et moyennes entreprises», petit syndicat de patrons, a trouvé la solution pour «éviter la casse» : elle réclame que les manifestations aient lieu sur le périphérique, loin du centre-ville. L’idée parait débile, surtout qu’elle est motivée par un objectif de maintien de l’ordre. MAIS…


Gigantesque manifestation sur le pont de Cheviré contre l'aéroport de NDDL

À Nantes, Rennes, Caen et ailleurs, des opérations «villes mortes» ont bloqué des périphériques ces dernières semaines. C’était vraiment très efficace comme moyen de pression. Du feu, quelques centaines de personnes, et une agglomération entière est paralysée. L’impact est énorme, personne ne peut l’ignorer. À Nantes, il a suffit de trois points de blocage pour créer des dizaines de kilomètres de bouchons et mettre la ville à l’arrêt. Mais jusqu’ici ces blocages sont restés très temporaires et étaient vite levés.

En Argentine, dans les années 1990, le mouvement des piqueteros, des précaires en lutte contre le néolibéralisme et équipés de bâtons, a bloqué les autoroutes à de nombreuses reprises. En paralysant les flux, les piqueteros ont gagné en visibilité et en rapport de force en bloquant l’économie. Mais contrairement à la France, il ne s’agissait pas de blocages ponctuels. Ils occupaient les routes du pays, notamment près de Buenos Aires.

En 2001, lors de la crise économique qui a frappé l’Argentine, ces blocages s’installent, ils durent des jours. On mange, on joue au foot, on creuse la route. Et que peut faire la police ? Gazer la route ? Cela ne débloque rien mais déplace juste l’occupation. Ce n’est pas comme une manifestation en ville, que la police arrive toujours à disperser à force de charges et de grenades.

Bref, prenons l’idée au mot. Imaginons une date coordonnée. Un beau jour du mois de mai par exemple. Des milliers de personnes sur TOUS les périphériques de France. Toutes les grandes villes bloquées, l’économie à l’arrêt. Pas une heure ou deux. Non. La journée entière, pour commencer.

Concrètement, on s’installerait, on amènerait des canapés et des tables, on pourrait jouer au foot ou au badminton sur l’asphalte. Et pourquoi pas des concerts sur la route ? Des fêtes pour alimenter les caisses de grèves ? On reste. La police arrive ? Que peut-elle faire face à 10.000 personnes sur une 4 voies ? On se défend, on se déplace, on revient. Autant de fois que nécessaire.

Il est possible de se relayer sur place pour tenir, d’approvisionner le blocage. De rester aussi longtemps qu’il le faudra. Un périphérique à l’arrêt, ce sont des bouchons monstres dans la ville, mais surtout des millions de personnes qui ne vont pas bosser et des centres commerciaux inaccessibles. Donc des millions d’euros de pertes sèches par jour et par ville.

La «Confédération des petites et moyennes entreprises» n’avait pas forcément cet objectif en tête, mais cela pourrait être une nouvelle forme à imaginer, un mode d’action supplémentaire qui ne serait ni un affrontements rituel, ni un défilé inoffensif.

Le pouvoir est logistique. Bloquons tout.


Bonus : quelques images du blocage du périf’ nantais en 2016 contre la répression judiciaire des militant-es anti-aéroport.

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