En partenariat avec le média indépendant Hiya, nous publions une série d’articles qui brossent les portraits de figures du néolibéralisme triomphant.
Pour poursuivre les portraits des seconds couteaux de l’édifice en carton-pâte de la Macronie, dans la même famille Seroussi, je demande le frère (de la sœur décrite précédemment). Celui-ci nous mène dans la tech en toc, un conte à fric.
«Tueur» en peau de lapin sur un marché compris comme une guerre
Il est parfois intéressant de voir les avatars des personnes, comme une manière d’observer la distance entre leur physique et comment elles se projettent. Pas pour juger ou se moquer mais bien pour saisir comment la personne voudrait se voir dans le monde.
En l’occurrence, le sympathique bedonnant de la réalité se projette en méchant-tueur, à mi-chemin entre Terminator et Cobra (un film des années 80, avec un Sylvestre Stallone en flic aussi violent que silencieux). Esthétique des années 80 donc, vaguement relooké par le manga.
Dans ce choix d’avatar, on y lit la façon dont se voit l’homme d’affaire : en tueur. Idéologie d’école de commerce où le marché est compris comme une guerre et le monde est conçu comme un vaste marché, un gigantesque champ de bataille entre l’offre et la demande. Résultat : chacun doit s’y voir comme un soldat dans une vaste guerre permanente.
Comment agit le «tueur» Seroussi dans la vraie vie ? Loin de son avatar qui évoque des exécutions propres et nettes, on voit un parcours chaotique, successions de plans foireux, toujours à la limite du hors-jeu.
Quand le monde de la petite arnaque rencontre celui de la haute-technologie.
Étonnamment, on retrouve notre monsieur Seroussi dans la Start-Up Nation tant vantée par notre cher Président. Mais à l’instar de la fumisterie présidentielle, les «innovations» de la Start-Up de Seroussi n’en sont pas. Et pour cause, le modèle économique de son entreprise ne repose pas du tout dans l’innovation mais dans le savoir-singer-les-grands-pour-embarquer-les-gogos. Il s’agit de surfer sur les illusions mises à la mode par les mastodontes de la Silicon Valley sans en avoir les moyens, même pas en rêve.
Le Metavers en Low-Cost ou l’embrouille de la techno-toc
L’idée (ou l’arnaque, c’est selon) consiste à surfer sur des modes, en vendant du low cost. Si Zuckerberg investit des milliards (à perte) dans un supposé univers parallèle, le «Metavers», Seroussi et sa bande vous proposent aussi un univers parallèle, mais version minable. La même chose dans la crypto-monnaie : vous n’avez pas de quoi acheter du Bitcoins, achetez donc des $HOM ! Prière de ne pas rire, ce n’est pas une marque de slip. Quoique… Il se trouve que monsieur Seroussi a commencé sa «carrière» dans la lingerie discount. Petit problème : quand les gros s’écroulent, les misérables creusent pour se retrouver au 36ème dessous.
Faire des petits spots à l’esthétique 3D futuriste, puis… rien.
Ce n’est pas idiot. Les gogos, simples Pékin, n’y connaissons rien mais nous avons toutes et tous entendu parler de crypto-monnaie et de metavers, et des fortunes qui s’y déploient. Ça fait donc rêver. Assez pour se laisser embarquer dans l’embrouille, y investir quelques billes. Peu probable que vous revoyez vos billets ailleurs que dans l’univers parallèle (qui se résume à quelques spots vidéo qui font croire à une techno en 3D). Ou comment convertir de la vraie monnaie en une illusion. En attendant, votre vraie monnaie aura servi à payer les taxis (pardon, les taxis pirates à deux balles) de monsieur Seroussi.
Pour se donner une contenance d’investisseur en tech, il suffit d’ouvrir un compte Twitter et balancer quelques vidéos qui évoquent de la robotique ou de l’intelligence artificielle. Le seul mot vrai ici c’est artificiel. Tout sent l’artifice.
Des petites infractions à la construction aux Panama Papers, parcours-type d’un capitaliste de seconde zone
Derrière les images avenantes d’un investisseur en tech, monsieur Seroussi a une longue carrière de capitaliste borderline, voire carrément frelaté. Si le capitalisme est une arnaque, le borderline est l’arnaque à l’intérieur de l’arnaque. Le filou qui range son pognon au Panama. Monte des entreprises vides qui n’ont pour seule fonction que d’échapper à des impôts.
L’intéressant chez un Seroussi réside dans son insignifiance. Ce n’est pas un nom connu du commerce, de la tech, ni même de l’arnaque. Il représente ainsi bien mieux les dizaines de milliers de filous, l’armée des petits arnaqueurs qui se sont adaptés à l’arnaque générale de l’économie ultra-financiarisée. Le gros des troupes des Panama Papers et autres évasions fiscales des «petits riches».
Pour le reste, on retrouve le parfait parcours du petit combinard évoluant dans la grande combine qu’est le capitalisme financier. Des Panama Papers aux îles Vierges Britanniques, monsieur Seroussi ne manque pas un de ces scandales qui font le quotidien de notre capitalisme tardif (à bout de souffle, diront les plus optimistes).
Une Comédie humaine à l’âge digital
Sa sœur évoquait Balzac pour décrire l’ambiance de la Bourse où elle officiait durant les années 80. Il y a en effet de cela dans cette famille, encore modeste trente ans plus tôt. Mais Balzac n’est pas tant là dans l’esthétique d’un lieu que dans un état d’esprit de personnages ravagés par l’ambition et le goût de l’argent. Cette petitesse humaine qui fit la grandeur de l’œuvre du romancier. On ne peut que se les imaginer travailler par la cupidité et l’envie «d’en être», avoir sa Rolex avant 50 ans. Pour cela, on sera prêt à toutes les bassesses de la Comédie humaine.
Ce qui surprend dans les parcours de ces petits magouilleurs est la capacité à se faire oublier un temps pour recommencer les petites affaires toujours aussi troubles. Dans un monde où nous ne pouvons plus faire un pas sans laisser de traces digitales , on pourrait penser qu’avoir son nom associé aux Panama Papers ou aux îles Vierges Britanniques vous grille à vie. Et bien pas du tout. Un peu comme ces ministres aux multiples casseroles (qui se font enfin entendre ces derniers temps), être plus ou moins associé à des affaires troubles semble être devenu un gage pour poursuivre efficacement son mandat de casse sociale. Cela illustre bien la couleur d’ensemble de ce capitalisme, qui n’a de cesse de se ripoliner pour avoir une image vertueuse recouvrant son essence polluante et toxique. Cette économie semble dire que si vous comptez respecter les règles, ce n’est même pas la peine d’essayer.