
D’une certaine manière, la France est dans un climat plus malsain et réactionnaire que les USA sous Trump. On se souvient que l’ancien président des USA avait déclaré après une attaque d’extrême droite à Charlottesville : «les deux côtés sont à blâmer». Il avait provoqué un scandale mondial.
En France, lorsque des néo-nazis tentent de brûler vif le maire de Saint-Brévin, non seulement les autorités ne condamnent pas l’extrême-droite, mais l’attentat est récupéré par l’extrême-droite elle-même, pour ses propres intérêts !
Exemple avec David Lisnard. Cet élu est à la tête de l’association des maires de France, et à ce titre il est invité dans tous les médias ces derniers jours pour parler de la démission du maire de Saint-Brévin. David Lisnard est maire de Cannes, élu très à droite. Dans sa ville, il applique des politiques racistes : il a notamment interdit le burkini sur les plages de Cannes au nom de l’anti-terrorisme, et mis en place des politiques sécuritaires en installant des centaines de caméras et en multipliant les discours anxiogènes. David Lisnard a aussi parlé de l’immigration comme d’une «bombe». Bref, il fait partie des élus qui portent une grande responsabilité politique dans l’attentat d’extrême-droite de Saint-Brévin. Par ses discours et ses choix, il a contribue à encourager le passage à l’acte fasciste.
Pourtant, c’est lui qui est invité à commenter l’affaire de Saint-Brévin. Et devinez quoi ? Il ne met évidemment pas en cause ses copains d’extrême-droite. Pour lui, il s’agit «d’incivilité» et «d’extrémisme». Sa solution ? Accentuer la répression.
Même son de cloche du côté du gouvernement. Darmanin n’a pas dénoncé l’extrême-droite, puisqu’il a lui-même autorisé et protégé les manifestations néo-nazies de Saint-Brévin. Dominique Faure, la ministre sous ses ordres chargée des collectivités territoriales annonce une «cellule d’analyse et de lutte spécifiquement dédiée à la lutte contre les atteintes aux élus». Elle explique «notre société a besoin d’un choc civique et doit prendre ses responsabilités face à ces citoyens violents». Cette cellule sera installée au ministère de l’Intérieur.
Concrètement, le gouvernement va alourdir les sanctions pénales en cas «d’attaques» contre des élus, qui seront considérées comme «aussi graves que celles contre des policiers». Derrière la qualification très vague «d’atteinte à un élu», une personne pourra encourir jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende, au lieu de 3 ans et 75.000 euros d’amende actuellement.
On l’a vu durant le mouvement social, la moindre manifestation devant une permanence Macroniste ou le moindre mannequin de Macron chahuté symboliquement est déjà qualifié d’attaque contre des élus. Cette mesure répressives sera donc directement utilisée contre les mouvement sociaux.
Prévu initialement dans la loi sur la sécurité intérieure (Lopmi), ce renforcement des sanction avait été censuré par le Conseil constitutionnel. Profitant de l’affaire de Saint-Brévin, le clan Macron va donc le réintroduire…
La droite extrême et l’extrême-droite sont en train de réussir cyniquement à récupérer un attentat fasciste à leur profit, en effaçant totalement ses motivations, en niant sa dimension raciste. Saint-Brévin aurait dû provoquer un sursaut sur la question de l’extrême-droite et de ses complicités policières. C’est exactement l’inverse qui se produit.
Les co-responsables de l’attentat utilisent l’évènement pour leur propre agenda sécuritaire qui permet de criminaliser leurs opposant-es, dans un grand fourre-tout qui met sur le même plan des autocollants sur une vitrine LREM et le fait d’avoir voulu brûler un maire par haine des réfugié-es.
Pendant ce temps, à Bélâbre dans l’Indre, un autre maire fait face lui aussi à des racistes qui s’opposent à un centre d’accueil. Il explique : «je n’ai pas oublié les mots que l’on m’a dit verbalement ou que l’on m’a écrit : il y a eu Callac, il y a Saint-Brevin, et Bélâbre». Pourtant, personne ne parle de cette nouvelle campagne menée par l’extrême-droite. La terreur fasciste ne triomphe que grâce à l’appui du pouvoir.
