Le 19 juin dernier, un fonctionnaire de police parisien est condamné à 3 ans de prison intégralement assorti du sursis pour des faits de violences extrêmement graves à l’encontre de sa conjointe et de ses deux enfants en bas âge : des faits de séquestration et de violences physiques répétées. L’examen médical rapporte des hématomes importants sur l’ensemble du corps de la victime, dus à des coups de matraque télescopique. Sa famille révèle également qu’elle avait fait l’objet de menace de mort de la part du policier, qui avait pointé son arme sur la tempe de sa conjointe.
Rien d’extraordinaire malheureusement. Les violences masculines chez les agents de police et de gendarmerie apparaissent dans les médias régulièrement, mais bien trop souvent traitées de manière anecdotique dans les rubriques de faits divers. Comme si il n’y avait plus rien de surprenant à ce qu’un représentant de l’autorité publique commette des violences gravissimes alors même qu’en principe, sa seule mission est d’en protéger les victimes…
Il est vrai que quand leur plus haut supérieur, le ministre de l’intérieur, est lui-même mis en cause dans des affaires de violences sexuelles, que peut-on attendre de la police ?
Des recherches démontrent d’ailleurs une tendance aux violences sexistes d’autant plus accrue chez les policiers, comme l’explique Sébastien Roché. Il s’agit d’un corps imprégné par le virilisme et la culture de la violence.
Des policiers violents protégés par leur hiérarchie, leurs collègues, la justice… protégés par un système tout entier. Il faut attendre que les plaintes se cumulent, ou bien que l’affaire soit médiatisée, ou dans le pire des cas, attendre les pires barbaries, jusqu’au féminicide, pour que la justice s’inquiète enfin du sort des victimes des policiers. Ou bien, plus exactement, attendre que la justice s’inquiète de son image, complice des agresseurs qu’elle protège, pour qu’elle agisse.
Les exemples de cette impunité judiciaire sont nombreux. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit en rien de faits divers. Nous sommes confrontées à des violences systémiques, permises par une impunité sociétale et judiciaire, intégrée jusque dans les plus hautes sphères de l’État.
Macron annonçait dès son premier mandat que la lutte contre ces violences serait la priorité de son quinquennat. Deuxième mandat, Darmanin à la tête du ministère de l’intérieur, des violences qui ne cessent de s’accroître en toute impunité… le bilan est accablant. Une augmentation de 21% des violences dénoncées en 2021 par rapport à 2020. Et toujours des taux de classements sans suite sans égal : 78% de classements sans suite en 2021 pour les plaintes dénonçant des viols, agressions sexuelles et harcèlement de rue.
Et lorsque ces violences sont commises par ceux-là même qui prétendent pouvoir s’y opposer, la violence est double. Que ce soit lorsque des personnes dépositaires de l’autorité publique commettent elles-mêmes directement ces violences, ou encore lorsque s’ajoute à la violence déjà subie, le mépris, la culpabilisation, la violence verbale au sein même des commissariats.
Des agents qui, ces dernières semaines, par une habile opération de communication, tentent de dissimuler leur violence et leur mépris des personnes sexisées en distribuant des flyers contre les violences sexuelles et sexistes ou encore en créant des files d’attente spécifiques dans les commissariats pour les personnes victimes de ce type de violences. Des mesures cosmétiques, voire contre-productives.
Sources :