Le gouvernement a peur


Le pouvoir n’entend que la révolte


Gérald Darmanin derrière Emmanuel Macron : tous les deux ont des têtes constipées

Mardi 27 juin au matin, un policier de Nanterre abat Nahel, 17 ans, après lui avoir annoncé qu’il allait lui mettre «une balle dans la tête». Dans les heures qui suivent, c’est l’embrasement, à Nanterre, puis dans tout le bassin parisien et dans des dizaines de villes en France. Mercredi soir, la situation était hors de contrôle dans de nombreux quartiers.

Le Président, d’habitude arrogant autoritaire et inflexible, change de ton. Macron déclarait mercredi matin : «Je veux dire l’émotion de la Nation toute entière après la mort du jeune Nahel et dire à sa famille toute notre solidarité» ajoutant à propos du décès du jeune homme «c’est inexplicable et inexcusable».

La Première Ministre lançait dans la foulée : «Les images donnent à penser que le cadre d’intervention légale n’a pas été respecté», évoquant sa «profonde émotion» et la «détermination» du gouvernement «à ce que la vérité soit faite». «Nous voulons la justice pour Nahel, et nous l’obtiendrons».

Le ministre de l’Éducation ce jeudi : «Je partage et je comprends l’émotion qu’a provoquée la mort de Nahel».

L’ancien président socialiste Hollande : «J’adresse à la maman de Naël et à toute sa famille mes pensées les plus affligées. Perdre un enfant dans ces circonstances est insupportable». C’est pourtant Hollande qui a fait passer, en 2017, la loi élargissant le permis de tirer pour la police. Politiquement, il est directement responsable de la mort du jeune homme et de dizaines d’autres personnes.

Darmanin lui-même a saisi la justice contre le syndicat France Police. Ce syndicat d’extrême droite tenu par le policier pro-Zemmour Bruno Attal avait félicité «les collègues qui ont ouvert le feu sur un criminel de 17 ans». Le compte Twitter du syndicat est fermé et le ministre de l’Intérieur condamne. D’habitude, ce sont pourtant des propos habituels tenus par les forces de l’ordre, leur syndicat et leur ministre.

Mercredi également, une minute de silence a eu lieu à l’Assemblée en hommage à Nahel. La semaine dernière, la présidente de l’Assemblée refusait une minute de silence pour les 700 exilé-es noyés en Méditerranée. Plus généralement, jamais une minute de silence n’avait eu lieu pour une victime de la police.

Ce jeudi, une cellule de crise interministérielle se réunit pour faire le point sur la situation.

Ce gouvernement d’extrême droite serait-il d’un seul coup revenu à la raison ? Darmanin, qui avait osé déclarer après la mort par asphyxie de Cédric Chouviat : «quand j’entends le mot violences policières, je m’étouffe» a-t-il changé subitement d’avis ? Macron qui dit que les violences policières n’existent pas, et qui assume sans l’ombre d’une hésitation les crimes policiers dans les quartier ou de plonger dans le coma des écologistes est-il devenu sensible ?

Évidemment non. Le pouvoir en place ne comprend que la révolte. Et actuellement, il est terrorisé par l’embrasement hors de contrôle qui s’étend. Il fait tout pour éteindre l’incendie. Il y a deux semaines, un policier exécutait par balle Alhoussein Camara près d’Angoulême, alors que le jeune homme se rendait au travail. Il n’y a pas eu d’émeute : les médias n’en ont quasiment pas parlé et le gouvernement s’en moquait éperdument. Malheureusement, des vies volées par la police dans l’indifférence générale, il y en a des dizaines.

Plus cyniquement, devant l’évidence des faits qui ont été filmés et l’embrasement général, le gouvernement a tout intérêt à lâcher un ou deux policiers pour protéger l’institution dans son ensemble.

En réalité, Macron n’a pas eu aussi peur depuis longtemps. En deux nuits d’émeutes, le rapport de force engagé effraie déjà plus le pouvoir que six mois de manifestations encadrées et des millions de grévistes depuis le mois de janvier. C’est donc maintenant qu’il faut soutenir la révolte populaire qui démarre dans les banlieues. C’est maintenant que la clique au pouvoir, celle qui nous écrase depuis des années, est tétanisée et affaiblie.


Ajout : nous apprenons que le parquet demande la détention provisoire pour le policier qui a tué Nahel. Jeter un flic en prison aussi vite, ce serait inédit : l’État est à l’affût, à travers ce genre d’annonce il cherche par tous les moyens à revenir au calme. C’est le moment de mordre et ne pas lâcher.

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