C’est par un tweet et la publication d’un communiqué que Philippe Court, préfet du Val-d’Oise, menace. Il prévient que la manifestation à l’appel du comité Justice pour Adama, la huitième marche organisée depuis la mort d’Adama Traoré, asphyxié sous le poids de trois gendarmes, risque d’être interdite. Une véritable provocation du pouvoir alors que la France vient de s’embraser suite au meurtre de Nahel et que des centaines de révolté-es subissent une répression hallucinante dans les tribunaux. Au moins 450 personnes ont été incarcérées depuis le début de la révolte.
Dans son communiqué le haut fonctionnaire invoque pelle-mêle de supposés risques de troubles à l’ordre public. Celui-ci explique que la présence de la mère de Nahel à la marche pour Adama «pourrait conduire, à elle seule, à fédérer autour de l’évènement des éléments perturbateurs, ainsi que cela a pu être constaté lors de la marche blanche organisée à Nanterre le 29 juin». Une déclaration indécente du préfet quand on sait que ce sont bien les forces de l’ordre qui sont responsables des violences à Nanterre. Que les policiers ont chargé et gazé à plusieurs reprises le cortège qui rendait hommage le 29 juin à l’adolescent assassiné par la police deux jours plus tôt. Pourquoi la simple présence de la maman d’une victime d’un crime policier devrait être responsable des troubles ? Les responsables de l’agitation sont les agents assermentés qui tuent des personnes non-blanches en toute impunité dans les quartiers populaires.
Autre élément, l’éventuelle présence d’éléments contestataires selon Phillipe Court. À court d’arguments, le préfet agite l’épouvantail de l’ultra-gauche, citant “les Soulèvements de la terre”. Si les autorités commencent à menacer d’interdictions chaque manifestation car elle réunit des opposants et des contestataires, autant que le pouvoir central assume publiquement que nous vivons déjà sous un régime dictatorial.
En réalité, ce que veut empêcher la préfecture du Val-d’Oise ce samedi 8 juillet, c’est la convergence des luttes. Plus de 90 organisations appellent à manifester à Beaumont-sur-Oise – mais aussi dans toute la France contre l’ordre policier – dont des syndicats et des partis politiques qui n’avaient jamais rejoint les marches pour Adama précédemment. À travers son préfet, l’État continue sa politique de harcèlement de la famille Traoré et veut faire taire une contestation légitime, dans un contexte de révolte contre le racisme et les violences policières.
Malgré les intimidations de la préfecture, le comité pour Adama maintient son appel : “Face à la menace, le comité Justice et Vérité pour Adama a indiqué maintenir son appel à manifester pour samedi. Tous à Beaumont-sur-Oise ce 8 juillet !”
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