Le boss final de la pollution et l’écologiste en carton recyclé décorés ensemble ce jour
Chaque année le 14 juillet, les autorités distribuent des Légions d’Honneur comme on donne des bonbons aux chiens obéissants. Cette décoration remonte à Napoléon, elle sert en principe à honorer les individus ayant rendu des «services éminents à la Nation». Parmi les décorés des dernières années, des personnalités de grande valeur comme le préfet Didier Lallement, le patron d’Amazon Jeff Bezos, le boss de BlackRock, le présentateur Arthur… Cette année, deux lauréats se distinguent :
Patrick Pouyanné, le boss final de la pollution
PDG de l’entreprise pétrolière Total, il n’a pas démérité. Dès 2017 il salivait : «l’élection de Macron est un saut dans la modernité». Depuis, ses affaires sont plus florissantes que jamais : en 2022, le groupe pétrolier annonçait des bénéfices record. 6,6 milliards d’euros net, en hausse de 43% par rapport à la fin 2021. Le PDG Patrick Pouyanné en profitait pour augmenter sa rémunération de plus de 50%, atteignant la modeste somme de 6 millions d’euros. Au même moment, il méprisait ouvertement une longue grève des salarié-es de Total qui réclamaient des salaires décents.
Patrick Pouyanné, c’est l’un des principaux responsables de l’écocide mondial. Total est déjà le premier pollueur de France, mais l’entreprise veut aller plus loin. Extraction de gaz naturel dans l’Arctique russe, exploitation du gaz de schiste en Argentine, oléoduc géant en Ouganda. Aucune dévastation n’est suffisante pour satisfaire l’appétit de ses actionnaires.
Les seuls projets fossiles de Total ces prochaines années émettront autant que 18 centrales à charbon. Prenons le projet d’oléoduc en Afrique : partant d’Ouganda pour rejoindre la Tanzanie, l’objectif est d’exploiter les milliards de barils de pétrole brut qui se trouvent sous le lac Albert. Si ce projet voit le jour, c’est une série de catastrophes qui vont s’abattre sur les populations locales et les écosystèmes environnants.
Si l’exploitation est mise en œuvre ce seront 33 millions de tonnes supplémentaires de CO2 émises dans l’atmosphère, 16 aires naturelles protégées qui seront soumises aux ravages des travaux, 100.000 personnes qui seront forcées de quitter leurs terres. Mais également un risque de contamination des deux plus grandes réserves d’eau douce de la région, le lac Albert et le lac Victoria.
Total, c’est la mort. Car la pollution aux énergies fossiles est déjà responsable d’un décès sur cinq dans le monde. En 2018, huit millions de personnes mouraient prématurément à cause de la pollution de l’air. Merci Pouyanné !
François Goulet de Rugy, l’écologiste en carton recyclé
Aux côtés du Boss final de la destruction de l’écosystème, l’écologiste en carton recyclé. François Goulet de Rugy, fils d’une famille anoblie membre de l’Association d’entraide de la noblesse française. Il s’est fait un nom à Nantes en tant que député écologiste.
Rapidement, son vernis verdâtre se craquelle. Dès 2014 il dénonce les manifestations après la mort de Rémi Fraisse, soutient les lois liberticides de Manuel Valls et tweete compulsivement son soutien aux forces de l’ordre. En 2015, il publie l’ouvrage «écologie ou gauchisme, il faut choisir» et fonde son micro-parti – «Écologistes». Le livre comme le parti font un flop monumental. Il trahit encore deux ou trois fois la gauche, avant d’obtenir un poste de ministre de l’écologie par Macron.
C’est durant son ministère que la ZAD de Notre-Dame-des-Landes subit une attaque de plus de 2000 gendarmes qui dévastent la zone. De Rugy est ensuite propulsé Président de l’Assemblée Nationale. Un poste qui s’accompagne d’avantages monarchiques : 15.000 euros d’argent de poche par mois, un logement de fonction dans un château du 7eme arrondissement de Paris, l’Hôtel de Lassay, et la domesticité qui va avec.
En 2019, De Rugy va trop loin. Médiapart révèle son train de vie décadent. Des festins luxueux à base de homards, de grands champagnes et des bouteilles de vins à plus de 500 euros pièce. L’élu s’offre avec l’argent public un sèche cheveux incrusté de feuilles d’or, un vélo elliptique à 800 euros, il a trois chauffeurs personnels, et même 60.000 euros de travaux dans un appartement de fonction dont 20.000 euros pour un simple «dressing». Le tout en plein mouvement des Gilets Jaunes. Il a poussé le bouchon un peu trop loin : il doit démissionner.
De Rugy tente tout de même sa chance aux élections régionales, et prend un nouvel échec. À cette occasion, il est enfariné à Nantes en juin 2021. À présent, l’amateur de homard a rejoint une banque d’affaires espagnole, Alantra, en tant que conseiller de haut rang en fusions-acquisitions. Pour sa servilité renouvelable et ses trahisons en circuit court, de Rugy pourra se consoler avec sa médaille en chocolat.
Pour l’an prochain, nous vous invitons d’ors et déjà à formuler vos recommandations de personnes méritant de rejoindre le club des décorés de la légion d’honneur :
- Élisabeth Borne pour son charisme, sa souplesse et son sens du dialogue
- Gérald Darmanin en raison de son implication pour le droit au logement
- Marlène Schiappa pour sa bonne gestion des fonds publics
- Xavier Dupont de Ligonnès pour ses talents au cache cache
- Vincent Bolloré pour sa contribution à l’amitié entre les peuples…
2 réflexions au sujet de « Légion du déshonneur »
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