Abdelkarim, 22 ans, et Mohamed, 27 ans, étaient cousins. En deux nuits d’émeutes, l’un a perdu un œil et l’autre est mort. La sœur de Mohamed a été emprisonnée. Témoignage de l’ensauvagement inouï de la police française.

➡️ Samra et Meriem sont sœurs. Et leurs familles ont été fracassées par la violence d’État en quelques jours. Le 30 juin, le fils de Samra, Abdelkarim, 21 ans, est éborgné par un tir policier en plein visage. Ce soir-là, il croise la route de policiers déployés dans une rue commerçante de Marseille. Abdelkarim dit avoir vu cinq camionnettes remplies d’agents «habillés en noir, avec des casques noirs» qu’il n’avait «jamais vus dans Marseille». Il s’agit du RAID, unité anti-terroriste déployée dans la ville pour mater la révolte. «J’ai vu un policier en train de me viser, je n’ai pas caché mon visage. Quand j’ai voulu tourner, ils m’ont tiré dessus» explique-t-il à Médiapart. Abdelkarim pense avoir «perdu connaissance» dans la rue et se souvient seulement de s’être relevé en se tenant le visage. «Mon nez saignait, des morceaux sortaient». Il subit trois opérations. La vue de son œil gauche est définitivement perdue.
➡️ Le 2 juillet, vers 1 heure du matin, c’est le fils de Meriem, Mohamed, 27 ans, qui s’effondre juste devant la porte de sa mère où il a réussi à se traîner en scooter. Les médecins constatent deux impacts «en cocarde» de 4,5 cm de diamètre, évocateurs d’un «flashball», en tout cas de munitions policières. Les balles de LBD mesurent justement 4 centimètres de diamètre. Un tir sur la cuisse, l’autre en plein thorax, qui a provoqué un arrêt cardiaque chez ce jeune homme sans antécédents médicaux. Mohamed était livreur, père d’un petit garçon, et sa compagne attend un enfant. Sa mère dit «Vers 20 heures, il m’a fait un bisou sur le front et un câlin, puis il est sorti et je ne l’ai plus revu». Dans le téléphone du défunt, les dernières images prises quelques minutes avant sa mort : il filmait l’interpellation d’un homme par la police. Il s’est fait tirer dessus, deux fois, et abandonner mourant.
➡️ Le 5 juillet, des dizaines de personnes arrêtées les nuits précédentes à Marseille passent à la chaîne au tribunal, en comparution immédiate, et subissent une justice exceptionnellement violente. Parmi les personnes jugées, la sœur de Mohamed. L’avocat Rafik Chekkat, qui assistait à l’audience, raconte : «elle vient d’être condamnée à 1 an de prison dont 6 mois avec sursis après avoir été interpellée avec une chaussure (même pas une paire) venant du Foot Locker pillé 3h plus tôt. Pas de mots».
Image : Libération

3 réflexions au sujet de « Une famille brisée par la police à Marseille »
L’Etat est un abattoir, la police s’est une équipe de salariés d’abattoir et le peuple est un troupeau qui tous les 5 ans s’en va choisir son boucher. Quand une partie d’un troupeau de moutons s’en va à l’abattoir jamais l’animal n’aura été aussi stupide qu’un être humain pour aller choisir son boucher
Au vu des derniers événements, je pense qu’il ne sera pas bon d’être policier lorS de prochaines émeutes. Si la réponse à cette violence policière est la violence, l’escalade de cette dernière ne sera plus maîtrisable. D’un autre côté les grands responsables sont ces directeurs généraux qui ne justifient en rien de leur trop gros salaires, gouffres de fonds publics.