Écusson pro-police : l’éloge de la violence


Fusils à pompe sur un adolescent : un groupe pro-police en fait un écusson


À gauche, un agent du RAID met en joue un adolescent avec un fusil à pompe.
À droite : la même image transformée en écusson par un lobby pro-police.

Des unités anti-terroristes qui mettent en joue des adolescents au sol avec des armes longues pour les arrêter. Ce sont les images prises à Lille, jeudi 29 juin. Pascal Bonnière, le photographe de La Voix Du Nord, avait raconté cette scène extrêmement choquante. «C’est la panique. Ils mettent en joue. Les gamins sont au sol, ventre à terre, une arme pointée sur eux. C’est d’une violence inouïe, dans une situation qui était très calme. C’est terrifiant !» Quatre jeunes avaient été embarqués par les agents.

Tout le monde, en-dehors des personnes déjà mûres pour une dictature fasciste, avaient été effaré devant cette image d’unités militarisées contre des adolescents : pour la première fois, l’anti-terrorisme était déployé contre la population civile, contre des enfants de 14 ans.

Tout le monde, sauf les lobbies pro-police, qui ont trouvé ça génial. Le groupe «Thin blue line France» a transformé cette photo en écusson, pour permettre aux policiers d’en faire une fierté et de pouvoir l’arborer sur leurs uniformes.

Qu’est-ce que «Thin Blue Line» ? Le journaliste Ricardo Parreira explique que l’idée vient du monde anglo-saxon, et signifie «fine ligne bleue». C’est une image : cette fine ligne de la couleur des uniformes, c’est la police. La ligne bleue symbolise la séparation entre le bien et le mal, elle sépare l’ordre et le chaos, elle délimite la société des hordes de barbares qui la menacent. Sous-entendu : sans la ligne bleue, la société s’effondre.

C’est un discours régulièrement entendu dans la bouche de syndicalistes policiers : «sans nous, la République serait tombée», ou «nous sommes la première ligne». Eric Zemmour, invité par le syndicat Alliance, avait aussi déclaré : «Les policiers sont en première ligne des attaques de terroristes et de caïd», aux «premières loges d’un combat de civilisation». Le candidat pétainiste avait même osé : «Je veux que vous redeveniez les chasseurs, pas les gibiers». C’était durant la campagne présidentielle. Nous y sommes, Macron a appliqué ces idées.

La «Thin Blue Line» a d’abord été populaire au Royaume-Uni, aux États-Unis, puis au Canada, en Belgique et en Suisse au sein de l’extrême droite et de la police. Aux USA, la ligne bleue était présente dans les rassemblements d’extrême droite, ou chez les opposants au mouvement Black Lives Matter. La ligne est aussi utilisée pour commémorer un policier mort en service.

Ce symbole de ralliement est désormais utilisé par des forces de police françaises. Sur Instagram, un compte «Thin Blue Line France» cumule près de 28.000 abonné-es, souvent policiers. Le compte a évidemment relayé la cagnotte de soutien au tueur de Nahel et applaudi la répression des banlieues et des mouvements sociaux.

Le site vend des écussons : ACAB (All Cops Are Brothers), la tête-de-mort Punisher, le casque spartiate, la fleur de lys… Tout un imaginaire, parfois arboré directement sur les uniformes et mis en ligne.

Avec ce nouveau «patch», c’est la glorification de la violence armée sur des enfants, au lendemain de l’exécution du jeune Nahel, qui pourra être portée fièrement, demain, par les policiers et leurs soutiens.

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