Expulsion illégale lors d’un mariage franco-algérien, meurtre par «exaspération», préfet raciste
L’escalade raciste en France n’est pas une demande «populaire», elle ne vient pas d’un «peuple» qui serait bas du front, comme le font croire les médias et la classe politique. La fuite en avant néofasciste est impulsée par les élites : hauts fonctionnaires, propriétaires de médias, politiciens qui alimentent depuis 30 ans les discours xénophobes et sécuritaires et appliquent des politiques d’extrême droite. Exemples ces derniers jours :
- Début juillet, le maire d’extrême droite de Beziers, Robert Ménard, annonce dans le Figaro qu’il refuse de marier un couple au prétexte que le futur époux, Mustapha, n’a pas de papiers français. Une prise de position en dehors de toute légalité, mais qui alimente les colonnes de la presse de droite. Ménard déclare soupçonner un mariage blanc, une enquête est ouverte par le parquet. Mais le procureur ne relève aucun élément allant dans le sens des accusations du maire de Beziers. Ce dernier persiste, et refuse de les marier, en violation de la législation. Un élu de la République est prêt à bafouer la loi française de manière assumée pour défendre ses convictions racistes, et bénéficie du soutien du ministre de l’intérieur lui-même : «J’en ai touché un mot à Darmanin , il m’a dit qu’il prévoyait de rendre une telle situation impossible à l’avenir grâce à la prochaine loi sur l’immigration qui se prépare…».
L’article 12 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) dispose pourtant qu’il est «impossible d’interdire à une personne de se marier sous prétexte de sa religion, de sa couleur de peau ou de sa situation aux yeux de l’administration du pays dans lequel il vit». Malgré l’illégalité évidente du refus de marier les futurs époux, Ménard ne se contente pas d’empêcher l’union : il va même ordonner l’expulsion de Mustapha. Celui-ci est placé dans la foulée en centre de rétention. 72 heures plus tard, des policiers viennent le réveiller dans sa cellule pendant la nuit pour lui annoncer son expulsion immédiate.
Dans un communiqué du jeudi 20 juillet 2023, le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh annonce que «Le ressortissant algérien Mustapha B., dont le mariage n’a pas été célébré à Béziers, vient d’être expulsé ce jour par avion en direction de l’Algérie». Mélissa, sa compagne, expliquait : «J’ai appelé ce matin le centre de rétention de Sète, ils étaient choqués. Tout a été fait dans le secret. Je m’interroge sur les motivations de cette expulsion si rapide». Elle ajoutait, en larmes : «Il y a 15 jours nous étions un couple amoureux. J’avais quelqu’un qui m’aimait et qui prenait soin de moi et aujourd’hui, il est dans un avion».
- La semaine dernière on apprenait que le préfet chargé de l’immigration à la préfecture de police de Paris, Gautier Béranger, était suspendu de ses fonctions pour avoir tenus des propos racistes et sexistes. Qu’on se rassure les «faits ont été portés à la connaissance du ministre de l’intérieur»… un proche de l’action française, accusé de viol. Gautier Béranger, nommé en juillet 2022 au poste de préfet délégué à l’immigration auprès du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, est pourtant un récidiviste. «Il avait déjà été accusé d’injures racistes en 2008 contre un vigile d’un centre commercial de banlieue parisienne, alors qu’il était à l’époque adjoint du secrétaire général du ministère de l’Immigration, dirigé par Brice Hortefeux. Cette plainte du vigile pour diffamation et injures raciales avait été classée sans suite» précise le Parisien. Un classement sans suite sans surprise vu le racisme qui gangrène l’institution judiciaire et tout particulièrement le ministère public. En étroite collaboration avec les magistrats donc, Gautier Béranger a pu continuer sa carrière dans les plus hautes sphères de l’État sans jamais être inquiété des propos racistes et sexistes qu’il tient certainement depuis des années.
- Les limites de la loi ne s’opposent désormais en rien aux actes de barbarie racistes. Les exemples ne manques pas ces derniers jours. Et l’institution judiciaire cautionne le pire. Le 9 décembre dernier, un homme abattait Mahamadou Cissé, son voisin de 21 ans, d’une balle de fusil à Charleville-Mézières. Il était écroué en attente de son jugement. À Reims, le Procureur en personne, Matthieu Bourrette, a qualifié ce crime raciste de «meurtre par exaspération» ! Et le tueur a été remis en liberté. Les proches de la victime sont outrés de cette décision qui couronne l’impunité d’un meurtre raciste. C’est comme si la victime était tuée une deuxième fois. L’accusé, un ancien militaire, était membre des commandos marines et avait participé à la Guerre d’Algérie. Comment de tels propos peuvent être tenus en toute impunité par des représentants de l’institution judiciaire ? Ceux-la même qui s’indignait à l’idée de reconnaître les circonstances de légitime défense à Jacqueline Sauvage par exemple, alors qu’elle était victime de violence par son conjoint depuis des décennies. Il parait pourtant normal au procureur de Reims de justifier le meurtre d’un jeune homme noir de 21 ans.
Le racisme est installé dans les plus hautes sphères de l’État, chez les hauts fonctionnaires, comme chez les propriétaires de médias. Depuis 30 ans, les discours racistes et sécuritaires sont monnaie courante dans l’hémicycle comme sur les chaînes de télévision ou radios, y compris publiques. Préfets, maires, procureurs, policiers, militaires… en étroite collaboration pour garantir l’impunité du racisme. Aucun rempart institutionnel ne s’oppose au fascisme et aux lois racistes.
Sources :