Le 10 août, lors d’une manifestation à Buenos Aires, le journaliste indépendant Facundo Molares a été assassiné par la police. Il a été frappé puis écrasé sous le poids de policiers. Une vidéo le montre inconscient, vraisemblablement après avoir été asphyxié par les agents. Les autorités parlent d’un «arrêt cardiaque». Un décès qui évoque les techniques d’étranglement utilisées par la police française, qui ont tué Adama Traoré ou Cédric Chouviat ces dernières années.
Facundo Molares était un militant dans l’âme. «Quand j’étais enfant, je voyais des petits garçons manger les déchets récupérés dans les poubelles et je me disais, pourquoi ? Les gens vivant dans la rue parmi les cartons, pourquoi cela doit-il arriver ?». Son père, qui travaillait dans un hôpital, avait aussi failli être kidnappé pendant la dictature militaire Argentine pour ses activités syndicales. Autant d’évènements qui l’avaient poussé à militer.
Facundo Molares avait d’abord rejoint la guérilla des FARC, dans la jungle de Colombie, où il effectuait des tâches «d’organisateur politique» et d’aide aux paysans et étudiants. En 2016, les FARC ont décidé de déposer les armes dans le cadre d’un processus de paix et de se transformer en organisation démocratique. Depuis selon l’ONU, 355 anciens membres de la guérilla ont été assassinés, alors qu’ils avaient renoncé à la lutte armée. L’État chercher toujours à se venger.
Molares avait soutenu l’accord de paix en Colombie et s’était dissocié de la lutte armée pour devenir reporter indépendant. Il avait par exemple couvert le coup d’État d’extrême droite qui avait renversé le président de gauche élu en Bolivie en 2018 et exerçait comme photographe pour un magazine. Il avait reçu des tirs lors d’affrontements et était resté dans le coma plusieurs semaines, frôlant une première fois la mort. Il avait ensuite effectué une année de détention dans une prison de haute sécurité.
De retour en Argentine en 2021, il avait de nouveau passé 8 mois en prison avant d’être relâché grâce à la mobilisation de ses soutiens. Il militait depuis dans un mouvement communiste. C’est finalement dans le cadre d’une manifestation relativement classique, réclamant plus de démocratie, qu’il a trouvé la mort sous les coups de la police, à l’âge de 47 ans. Il s’opposait à l’interpellation de manifestants au moment où il a été tué.
Des mobilisations ont eu lieu en Argentine contre ce crime d’État, notamment des rassemblements devant des commissariats et une attaque d’un bâtiment municipal de la ville de Mar del Plata.
À Paris comme à Buenos Aires, la police tue.