Les voix du seigneur sont impénétrables, et un miracle est toujours possible.
60 mineurs exilés étaient pour certains à la rue depuis plus d’un mois à Marseille. Ils avaient épuisés tous les recours avec l’aide de bénévoles, s’étaient mobilisés pour réclamer leur prise en charge, en principe obligatoire pour des mineurs. Les 60 adolescents isolés étrangers avaient manifesté devant les locaux de l’association chargée de leur mise à l’abri, puis devant l’hôtel du département et avaient campé dans le centre-ville pour alerter la presse.
Ils avaient fini par se réfugier jeudi soir dans une église du centre de Marseille, invoquant la protection du Pape, qui est arrivé ce vendredi après-midi. Le Pape François vient en France notamment pour prononcer une grande messe en faveur de l’accueil des réfugiés, valeur fondamentale de la foi chrétienne, et il est accueilli par le gouvernement. Macron compte même assister à la messe.
C’est dans ce contexte que le «miracle» s’est produit. D’un coup, à quelques heures de l’arrivée du souverain pontife, les mineurs à la rue sont pris en charge par le département qui annonce les mettre à l’abri comme l’exige la loi. Dans un contexte de racisme systémique, de chasse aux migrants et de projets de lois toujours plus hostiles à l’accueil des exilés, c’est inhabituel.
Il y a quelques mois, les associations d’aide aux exilés signalaient que le nombre d’enfants de moins de 12 ans enfermés en camp de rétention était passé de 76 à 94 dans l’Hexagone en 2022. Les expulsions sont monnaie courante, y compris lors de campements symboliques au cœur de Paris. Rappelons aussi que la mairie de Calais a placé de gros blocs de pierre près d’un point d’eau pour assoiffer les migrants cet été. Le Pape François a décidément des super pouvoirs… Darmanin a-t-il été touché par la grâce ? Ou alors le gouvernement tente-t-il tout simplement d’éteindre une potentielle polémique de façon cynique et intéressée ? C’est selon les points de vue.