Nice : un sommet sponsorisé par Total

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Christian Estrosi, indéboulonnable baron de la droite du sud de la France et maire de Nice, a le sens de l’humour. Alors que son camp politique s’aligne sur des positions climatosceptiques et encourage le capitalisme le plus destructeur, il a organisé dans sa ville un «sommet sur le climat».

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S’agit-il de trollage ? Il semblerait que oui. Car cet événement, qui a eu lieu le 28 et le 29 septembre avec des «tables rondes climatiques» autour de grands thèmes comme «les catastrophes naturelles», «les enjeux de l’agriculture» ou encore «la guerre de l’eau» est sponsorisé par Total. Oui, la multinationale du pétrole, celle qui porte une écrasante responsabilité dans le chaos climatique qui s’installe dans le monde et tue déjà des milliers de personnes. Le logo de l’entreprise figure en bonne place sur le site de l’évènement.

Du reste, parler de «guerre de l’eau» et «d’agriculture» lorsque, en tant qu’élu, on soutient férocement la FNSEA, lobby de l’agro-industrie et des pesticides, ou de guerre de l’eau lorsqu’on est favorable aux mégabassines ne manque pas de culot.

Les intervenants annoncés étaient donc Christian Estrosi mais aussi Renaud Muselier, président de la région PACA qui tape régulièrement sur «l’ultra-gauche» ou encore Michel Barnier qui fut ministre de l’agriculture sous Sarkozy.

Il y avait aussi de grands défenseurs de l’environnement, comme le président de l’entreprise de pneus Michelin, le directeur de l’aéroport de Nice et la directrice France de Total Énergies. Oui, tout cela est vrai, ce n’est pas une parodie du Gorafi.

Précisons que Total lance actuellement un grand projet de pipeline destructeur en Ouganda et a annoncé justement cette semaine son intention d’augmenter encore sa production d’hydrocarbures et d’énergies fossiles pendant les cinq prochaines années. Les autres sponsors ne sont pas plus reluisants : le Crédit Agricole, qui est l’une des banques les plus climaticides du monde. L’aéroport Nice Côte d’Azur qui a déjà un taux de CO2 et des polluants atmosphériques qui augmentent d’année en année…

Pour décorer l’évènement, quatre scientifiques dont deux du GIEC et une députée européenne avaient quand même été invités à ce grand évènement de greenwashing, mais se sont finalement décommandés pour préserver leur dignité. Les élus de droite et les entreprises écocidaires ont donc pu discuter en vase clôt du climat.

Ce monde fonce vers l’abîme, mais avec une certaine ironie. La 28ème conférence des Nations Unies sur le climat, la COP 28, aura lieu en novembre 2023 à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Celui qui va présider la COP 28 est le Sultan Al-Jaber. Ce dignitaire émirati est à la fois ministre de l’Industrie de son pays, patron de la compagnie pétrolière nationale et lobbyiste de l’industrie du pétrole. Son «Abu Dhabi national Oil Company» qui a décidé d’augmenter massivement sa production de pétrole brut, de trois millions de barils par jour actuellement à cinq millions d’ici à 2030. Et il va diriger un sommet mondial sur le climat.

De même le 10 septembre 2023, Macron écrivait sur les réseaux sociaux : «Je vois naître un discours qui consisterait à dire qu’on pourrait continuer à vivre durablement avec le pétrole tout en réussissant la transition climatique. C’est faux», peu après avoir décoré le patron de Total. Notre époque est une farce.