
Le colonialisme est un processus raciste de spoliation d’une population au détriment d’une autre et de mise en dépendance de cette population. Le colon vole ses terres et ses richesses au colonisé et le maintient en état de misère et d’infériorité sociale, ethnique, culturelle. Ce qui justifie ainsi sa supériorité à l’égard du « barbare ». Pour y parvenir, le colonisé ne doit pas avoir accès aux richesses, ni à la santé, ni à une éducation de qualité, sinon il pourrait s’émanciper, avoir les moyens matériels et intellectuels de se révolter. Par exemple, au début de la colonisation française en Algérie, le taux d’alphabétisation était comparable en France et en Algérie. Quelques décennies plus tard, il avait chuté en Algérie.
À Gaza, 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté, près de 50% est au chômage. Avant même les bombardements actuels, 1,3 million d’habitants de Gaza dépendaient de l’aide humanitaire pour se nourrir et l’électricité n’y était disponible que la moitié du temps. En 2021, l’ONU estimait que 800.000 personnes n’avaient pas d’accès régulier à l’eau potable. Le territoire ne compte que 2,71 médecins et 1,3 lit d’hôpital pour 1.000 habitants, tandis que la population souffre de troubles «psychosociaux» massifs dus aux attaques répétées et à l’enfermement, qui ne sont pas traités. Enfin, l’espérance de vie y est quasiment 10 ans intérieure à celle des israéliens vivant de l’autre côté du mur, à seulement quelques kilomètres.
Pourtant, Gaza pourrait être immensément riche. Peu de gens savent qu’un énorme gisement de gaz se trouve au large, dans une zone maritime dépendant du territoire palestinien. Situé à 30 kilomètres de la côte, dans la Méditerranéenne, il a été découvert en 1999. Ce gisement contiendrait plus de 30 milliards de m3 de gaz naturel. Pour l’Autorité palestinienne, cette manne gazière pourrait représenter «un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars». Aujourd’hui, Israël peut décider de couper l’électricité et l’eau à tout moment à Gaza alors que l’enclave pourrait largement être autosuffisante en énergie !
Depuis 24 ans, les palestiniens réclament de pouvoir exploiter ces richesses. Des pourparlers avaient encore lieu au début de l’année 2023, lors des récents sommets en février en Jordanie et en mars en Égypte, pour évoquer l’exploitation de ce gaz. Une des pistes envisagées était de confier l’exploitation à l’Égypte et de verser une rente à l’Autorité palestinienne, puisqu’il n’y a pas d’État palestinien reconnu…
Cette richesse gazière éclaire sous un autre angle les bombardements en cours. Pour Israël, il est évidemment impensable d’accorder un État aux palestiniens. C’est d’ailleurs pour cela que Netanyahou empêche tout processus de paix depuis 20 ans et a soutenu le Hamas pour créer un ennemi irréconciliable et facile à diaboliser. Pour l’État colonial, il est encore plus impensable de laisser les palestiniens se développer économiquement, au risque de menacer leurs intérêts. Il faut les maintenir dans une précarité et une insécurité maximales. En attendant, si l’occasion se présente, de pouvoir totalement les déposséder…
Source : Courrier International
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