La “haine du juif” ne vient pas des “masses musulmanes”


Un peu d’Histoire


Dans un réquisitoire d’une rare violence et truffé de mensonges, le député franco-israélien Meyer Habib a déclaré : «La haine d’Israël et du Juif est l’aphrodisiaque de toutes les masses arabes. Je suis inquiet pour la France et la civilisation judéo-chrétienne». Lié à l’extrême droite israélienne, Meyer Habib est un propagandiste de la guerre en cours. Il sillonne les médias pour attiser les tensions communautaires.

Ici, dans un racisme assumé, il insinue que les «masses arabes», considérées comme homogènes, seraient excitées sexuellement à l’idée de persécuter les juifs. Une accusation abjecte en plus d’être totalement fausse historiquement.

La haine des juifs est d’abord une histoire européenne. Pendant des siècles, l’antisémitisme a gangrené l’Europe, avec des persécutions et des pogroms commis régulièrement contre les communautés juives, de l’expulsion des juifs d’Espagne lors de la Reconquista à l’affaire Dreyfus.

Pendant la guerre, cet antisémitisme séculaire culmine lorsque les fascismes européens organisent l’élimination physique des juifs d’Europe. En France, ce génocide est permis par la collaboration du Maréchal Pétain et de sa police. Bien blancs et catholiques.

À cette époque, que font les musulmans de France ? Ils sont peu nombreux en métropole, mais il y a à Paris la Grande Mosquée, qui a été construite en 1926. Pendant la guerre, le recteur de la Grande Mosquée, Si Kaddour Benghabrit, va héberger des juifs et leur donner des faux papiers, en les faisant passer pour des fidèles musulmans. Il aurait ainsi sauvé la vie de plusieurs centaines de juifs – entre 500 et 1600 selon les estimations – au péril de sa vie. Une fois les faux papiers récupérés, les juifs hébergés dans la mosquée ont pu aller en zone libre ou rejoindre le Maghreb, où leurs vies étaient moins menacées qu’en France métropolitaine.

Abdelkader Mesli, imam algérien vivant à Paris, contribue aussi au sauvetage de juifs au sein de la Grande Mosquée, puis à Bordeaux, avant de s’engager dans la résistance anti-nazie. Il sera arrêté et déporté. D’autres Algériens se sont aussi engagés dans le réseau communiste des Francs-tireurs et partisans. Des parachutistes britanniques ont également été cachés dans les caves de la mosquée.

L’Algérie est alors un département français. Le régime de Vichy applique, comme en Métropole, les politiques antisémites contre les juifs d’Algérie. Les autorités pétainistes proposent de s’emparer des propriétés et biens confisqués aux Juifs. Les colons européens se précipitent sur ces biens volés, alors que les musulmans refusent cette opération honteuse. Aucun Arabe ne se porte volontaire. À Alger, les imams s’expriment ouvertement contre cette mesure. En Algérie aussi, certains Arabes risquent alors leur vie pour sauver des Juifs de la persécution et du génocide nazi.

Combien de français peuvent en dire autant ? À l’époque, l’immense majorité de la population se taisait dans le meilleur des cas, et au pire collaborait ou dénonçait les juifs aux nazis. La droite et l’extrême droite, en Europe comme en Israël, réécrivent l’histoire, comme s’il y avait toujours eu un bloc «judéo-chrétien» contre le monde musulman. C’est un énorme mensonge visant à justifier le massacre de la population palestinienne.


Leur racisme et leur choc de civilisation ne passeront pas


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