Brésil : catastrophes climatiques en série

L’hémisphère sud arrive en été. Depuis le début du mois de novembre, le Brésil subit des chaleurs extrêmes. La région du centre ouest à été la première atteinte, suivie par toutes les autres régions de cet immense pays, qui ont affronté des températures bien au-dessus des normales de saison.

La ville de Cuiabá a dépassé les 40°C pendant 13 jours d’affilée, un enfer. À Rio, lors d’un concert de Taylor Swift, une étudiante de 23 ans, Ana Clara Benevides Machado, est décédée à la suite d’un malaise dû à la chaleur, la température ressentie était de 60°C. À Manaus, au cœur de la forêt amazonienne, les chaleurs sont agrémentées d’épaisses fumées provenant des feux de forêts et de l’absence de pluies, l’air déjà lourd devient irrespirable. Des habitants de Manaus racontent avoir des vertiges, des irritations aux yeux et des difficultés à respirer. Cette chaleur inhabituelle serait en partie dû au phénomène climatique El Niño, qui rend plus difficile l’entrée des courants d’air humide et donc de la pluie sur le continent sud américain.

Si les habitants des grandes villes traversent avec difficulté cette vague de chaleur, les habitants des campagnes en souffrent encore plus. Notamment dans le Nord, une des régions les plus pauvres du pays et qui abrite la forêt amazonienne. C’est dans cette région que la rivière Amazone à atteint son plus bas niveau depuis la création des mesures de niveaux de l’eau, il y a 120 ans. Le plus long fleuve du monde s’assèche.

Des dauphins roses – une espèce rare de dauphins d’eau douce déjà en voie d’extinction vivant dans ce fleuve – ont été retrouvés morts par centaines suite aux chaleurs. 10% des individus du lac Tefé ont été décimés. Beaucoup de poissons meurent par asphyxie, puisque par endroits l’eau des rivières s’est transformée en boue. Le long de ce fleuve de presque 7000 kilomètres existent des centaines de communautés d’indigènes, de pêcheurs, de “quilombolas” – des communautés autonomes de descendants d’esclaves en fuite – ou de “ribeirinhos” dont le seul accès au village et au monde extérieur est le fleuve.

Ces communautés se retrouvent isolées, sans possibilité de naviguer pour atteindre écoles, hôpitaux et villes alentour, rendant quasiment impossible l’approvisionnement en eau ou en nourriture de ces personnes. De plus, elles ne peuvent plus compter sur leurs moyens habituels de subsistance, les puits sont à sec et la pêche impossible. Ce sont des centaines de personnes qui se retrouvent prises au piège par l’assèchement de la rivière.

Dans le Nordeste, la région du Sertão déjà connue pour ses sécheresses interminables observe, en 2023, une baisse de 90% de la population de mammifères. Les habitants abandonnent de plus en plus leur mode de vie rural pour rejoindre les centres urbains et échapper à la faim.

Au sud du pays c’est l’excès d’eau qui pose problème, après un cyclone dévastateur en septembre ayant provoqué la mort de 48 personnes. Des pluies diluviennes se sont abattues à plusieurs reprises en octobre et novembre, causant des inondations importantes et laissant des dizaines de milliers de personnes sans abri.

Pour le chercheur José Marengo, l’épisode de chaleur, de sécheresse et de pluies extrêmes que le Brésil traverse depuis 3 mois correspond aux prévisions climatique pour 2050. Si le phénomène El Niño est bien le principal agent de ces catastrophes, il n’empêche que le changement climatique intensifie ces phénomènes qui pourraient devenir la norme d’ici 25 ans.

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