Les mensonges les plus gros sont parfois ceux qu’on ne remarque même pas tant ils sont sous notre nez
L’expression «guerre Israël-Hamas» est un cas d’école de propagande de guerre. Une énorme fake news destinée à justifier les pires massacres. Pourtant, elle est prononcée des centaines de fois par jour depuis deux mois dans la presse, à la radio, sur les plateaux de télévision, comme une évidence factuelle.
C’est un élément de langage de l’armée israélienne, qui est repris sans recul par tous les médias : la guerre opposerait «Israël», un pays, un peuple, un État, au «Hamas», une faction armée, un «groupe terroriste». Cette expression transforme totalement la situation, elle renverse le rapport de force. Ce serait juste une opération militaire contre un groupe présenté comme criminel et isolé. C’est comme si on avait renommé la guerre d’Algérie en «guerre France-FLN» ou la guerre du Vietnam «USA-Vietcong».
C’est la population qui est visée
Le dernier bilan des victimes à Gaza fait état de 17.700 morts recensés et 48.780 blessés. Une grande partie des corps est encore sous les décombres. Les analystes militaires parlent de 30.000 morts environ. Et 60% de la surface de Gaza est rasée. Quand on massacre 1% de la population totale en 2 mois (30.000 sur 2,5 millions d’habitants) et qu’on détruit tous les bâtiments, ce n’est pas une guerre «contre le Hamas» mais contre un territoire et ses habitants.
C’est factuellement faux
La Cisjordanie est attaquée par Israël. L’armée israélienne y lance des offensives quotidiennes et même des bombardements. Près de 250 personnes y ont été tuées depuis deux mois. Pourtant, la Cisjordanie n’est pas contrôlée par le Hamas et n’a rien à voir avec l’attaque du 7 octobre.
Le Hamas n’est pas seul
Le 7 octobre, l’attaque a été menée non pas par le Hamas mais par 10 groupes palestiniens, identifiés par la BBC, dont le Jihad islamique palestinien (islamiste) ou le FPLP (communiste). Mais expliquer les raisons d’une telle coalition et dire que cet évènement tragique n’a pas eu lieu sans un contexte terrible pour les palestiniens compliquerait le scénario d’une guerre «contre les terroristes du Hamas».
Crimes contre l’humanité
Quand l’armée israélienne détruit 56 établissements de santé, tue 70 journalistes et plus de 100 humanitaires : ce n’est pas une guerre entre «Israël et le Hamas». C’est ce qui fonde l’humanité du peuple palestinien qui est visé.
Discours génocidaires
Le gouvernement israélien parle des palestiniens comme des «animaux humains» et même comme le «peuple des ténèbres». Même dans les discours, ce n’est pas une guerre «contre le Hamas» mais bien contre tout le peuple palestinien.
Quand, pour un ennemi présumé tué, on assassine 20 civils, ce n’est pas une «guerre entre Israël et le Hamas», c’est une opération délibérée de massacre d’un peuple. Il s’agit d’un nettoyage ethnique.
Asymétrie totale
Quand on déploie des moyens infiniment plus puissants que son ennemi : des avions de guerre, des drones, des chars, des tirs guidés par intelligence artificielle, face à une guérilla dotée d’armes rudimentaires au sein d’une zone assiégée, le tout appuyé par les plus grandes puissances militaires du monde, peut-on même encore parler de guerre ? C’est un conflit totalement asymétrique. Encore plus inégal que les grandes guerres coloniales du siècle passé comme le Vietnam ou l’Algérie.
Une réflexion au sujet de « Guerre Israël/Hamas : une expression pour conditionner les esprits »