N’importe quelle personne raisonnable qui s’inquiète du dérèglement climatique a compris ce que sont les conférences des Nations Unies sur le climat. De vastes supercheries, sortes de cloaques où les grandes puissances feignent de prendre au sérieux les enjeux planétaires environnementaux.
Aujourd’hui, les capitalistes et les États occidentaux ne s’embarrassent même plus. La mise en spectacle du désastre est grotesque. Ce sont les fleurons des industries fossiles qui tiennent les rênes, les responsables de la catastrophe environnementale qui sont les nouveaux chefs d’orchestre des conférences sur le climat. Imaginez ! C’est peu comme si Darmanin animait les débats d’une commission parlementaire sur les violences sexistes et sexuelles. On marche sur la tête. Les défenseurs du mode de production extractiviste qui saccage la planète sont aux manettes. L’arnaque est totale.
Le 30 Novembre 2023, la 28ème conférence des Nations Unies s’ouvrait dans une pétro-monarchie à Dubaï aux Émirats-Arabe-Unis. À la tête de la COP 28, le Sultan Al-Jaber, un patron du géant pétrolier et gazier Adnoc – Abu Dhabi National Oil Company. Le dignitaire émirati est aussi le ministre de l’industrie de cet État du golfe qui prévoit d’augmenter la production de pétrole brut de 2 millions de barils par jour d’ici 2030. Ce régime théocratique est le septième producteur mondial de pétrole et produit déjà 3 millions de barils/jour. Une conférence sur le climat organisée dans une monarchie pétrolière, et présidée par un capitaine d’industrie des énergies fossiles. Tout va bien !
Fin novembre la BBC, média britannique, révélait que les organisateurs de la conférence avaient profité de l’événement pour conclure des contrats juteux autour de la vente d’hydrocarbures. Un autre grand partenaire du Sultan Al-Jaber et de son groupe est la multinationale française Total. En juillet 2022, Macron organisait une rencontre entre le prince du pétrole des Émirats et le patron de Total, Patrick Pouyanné. Le fameux patron multimillionnaire qui s’est augmenté son salaire de 50% en pleine crise énergétique. Les deux compagnies signaient un accord historique visant à développer la production de gaz et de pétrole aux Émirats-Arabes-Unis et à livrer davantage de diesel à la France.
On aurait pu croire naïvement à une blague de mauvais goût, mais les industriels et lobbyistes du pétrole ne sont pas à un crachat prêt envers les écologistes et les nations qui subissent de pleins fouet les ravages du dérèglement climatique.
Pour la COP 29, nouvelle affront. La conférence posera ses valises à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Le régime dictatorial du clan d’Ilham Aliev a mené à l’automne 2023 une véritable opération d’épuration ethnique dans le Haut-Karabagh. La dictature multiplie les crimes contre le peuple Arménien, enferme et torture ses opposants. En 2022, l’Union Européenne signait un accord prévoyant de doubler les importations de gaz azerbaïdjanais. La présidente de la Commission Européenne s’était rendue à Bakou et qualifiait l’Azerbaïdjan de partenaire «fiable». Au moment même où des crimes de guerre étaient commis. Le prix du gaz contre le prix du sang.
Au début du 20ème siècle, la capitale Azerbaïdjanaise devient une place forte du marché pétrolier mondial. Dans les années 1990, le pays développe d’immenses gisements de pétrole et de gaz en mer Caspienne. L’État dictatorial est dépendant de ses hydrocarbures qui représentent aujourd’hui environ 50% du PIB, 50% de ses recettes fiscales et plus de 90% de ses recettes d’exportation.
Pour présider la future conférence des Nation Unies sur le climat, Mukhtar Babayev, actuel ministre de l’écologie et des ressources naturelles du régime Azerbaïdjanais. L’homme est aussi un ancien haut-cadre de la compagnie nationale pétro-gazière Socar – State Oil Company of Azerbaijan Republic – où il a travaillé de 1994 à 2003. 16 ans aux services des intérêts mortifères des Magnats du pétrole et du gaz de la dictature…
Le film « Dont look up » était une fiction, une métaphore du déni de la catastrophe climatique en cours. Le réel a définitivement dépassé la fiction. Le 14 juillet 2023, les autorités françaises décoraient le grand boss final de la pollution Patrick Pouyanné, le PDG de Total qui prévoit un projet écocidaire d’oléoduc en Afrique partant de l’Ouganda pour rejoindre la Tanzanie. Désormais les conférences mondiales sur le climat sont organisées dans des monarchies et dictatures pétro-gazières et présidées par les lobbyistes de l’industrie fossile.
Ce n’est plus «Don’t look up», c’est «accueillons gaiement la comète qui va nous anéantir».
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.
Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.