Police et gendarmerie, partenaires des violences sexistes

Il y a quelques jours, nous rapportions deux affaires scandaleuses : dans le Var le 2 février, une femme battue avait appelé la police, qui avait découvert un arsenal dans le domicile, mais les agents n’avaient même pas arrêté le conjoint violent qui possédait pourtant illégalement des munitions et des armes. Celui ci avait tué la victime peu après.

Une semaine plus tôt le 25 janvier, un policier avait été relaxé alors qu’il avait laissé, par erreur, un message vocal à une victime d’agression sexuelle en proférant l’insulte «grosse salope». Ces deux affaires dramatiques n’ont rien d’étonnant de la part d’un corps de métier auteur de violences sexistes et racistes de manière quotidienne. Rien que ces derniers jours, de nombreuses autres affaires de violences policières à l’encontre de femmes apparaissent dans la presse :

Le 9 janvier 2024, Un gendarme de la brigade de Rives-en-Seine a été condamné à 12 années de réclusion criminelle pour un viol commis sur une femme qu’il venait d’auditionner et chez qui il s’est présenté plus tard à son domicile sous prétexte de «photographier ses tatouages et réaliser des prélèvements ADN». Ce même gendarme avait pourtant déjà été mis en cause pour des faits de harcèlement sexuel sur une collègue. Il avait été suspendu deux ans, avant que la justice, toujours aussi impartiale, tranche pour une relaxe.

Le 5 janvier dernier, on apprenait également la mise en examen et le placement en détention provisoire d’un autre gendarme, dans le Loir et Cher, pour des faits de «viol avec torture ou actes de barbarie sur personnes vulnérables» sur deux victimes. L’affaire avait tenté d’être camouflée au mieux par la justice qui avait demandé un huis clos «une fois que la présence des journalistes dans la salle d’audience a été remarquée…» souligne La dépêche.

Autre exemple récent, le 26 janvier 2024, un ancien commandant de police, âgé de 77 ans, a été condamné pour des violences habituelles sur son épouse. Comble de l’ironie, la procureure elle-même lance au prévenu : «Vous êtes la caricature d’une personne méconnaissant les violences conjugales».

Un livre édifiant de Sophie Boutboul coécrit avec Alizé Bernard intitulé «Silence on cogne», aux éditions Grasset, revient sur les violences sexistes et sexuelles commises par des policiers et des gendarmes, à partir d’une véritable enquête de terrain et de témoignages. Ces violences sont favorisées par le sentiment de domination et, bien plus encore, par le régime d’exception et la protection dont les policiers bénéficient.

En janvier 2022, un policier parisien avait pris la fuite avec son arme de service après avoir assassiné sa femme. Sa cavale avait duré plusieurs jours et BFM avait complaisamment invité un syndicaliste policier en direct à l’antenne pour «demander à ce collègue de se manifester très rapidement». Il avait déclaré : «on va tous trouver une solution ensemble, qu’il ne se sente pas seul et qu’il ne commette pas l’irréparable». Comme si tuer une femme n’était pas irréparable.

Combien de personnes ces policiers ont-ils été amenés à croiser dans leur carrière? Combien de vies détruites? Combien d’actes de violence et de torture ? Combien de refus de plainte ? Combien de personnes victimes de violences sexuelles et sexistes contraintes au silence ?

On ne peut s’empêcher de penser à toutes ces personnes qui subissent la violence de la police, qu’elles soient victimes ou mises en cause.


Sources :

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