Numéro 1 de la police à Lyon : provocation en faveur du policier d’extrême droite, juste avant le procès de l’affaire Steve
Près de 5 ans ont passé depuis la charge mortelle de la fête de la musique de Nantes. Ce soir là, le 21 juin 2019, des centaines de jeunes dansaient sur un quai de l’île de Nantes, qui se situe plusieurs mètres au dessus de la Loire. Sans motif, les forces de l’ordre étaient intervenues au milieu de la nuit. Et avaient chargé après qu’un DJ ait diffusé le morceau «porcherie», une chanson contre le Front National.
Ivre de violence, la police avait tiré des dizaines de grenades lacrymogènes, tabassé des personnes au sol, fracturé des os, envoyé des grenades explosives et tiré des balles en caoutchouc. Et avait provoqué des dizaines de blessés, des centaines de traumatisés, mais surtout, au moins 12 personnes tombées dans l’eau sombre et dangereuse de la Loire. Et un mort noyé, Steve, 24 ans.
L’affaire avait suscité une immense émotion à Nantes et une mobilisation puissante durant des mois. Face aux éléments accablants et à la pression populaire, la justice avait fini par mettre en examen la mairie, le préfet et son adjoint, ainsi que le commissaire qui avait lancé la charge. Après avoir fait traîner la procédure, l’affaire judiciaire s’est dégonflée : la mairie et le préfet ont été mis hors de cause, et le seul à comparaître sera donc le commissaire Grégoire Chassaing. Le procès aura lieu le 10 juin 2024, il sera jugé pour «homicide involontaire».
Qui est ce commissaire qui a marqué Nantes au fer rouge ? Le journal Street Press avait dévoilé son pedigree après la charge mortelle : déguisement raciste, engagement traditionaliste, prises de positions violentes et autoritaires. Sur les réseaux sociaux, ce policier s’affichait, en photo, aux côtés de son épouse, le visage maquillé en noir, une perruque afro sur la tête. Un «blackface», pratique raciste régulièrement dénoncée.
Toujours sur internet, la femme du commissaire dénonçait en vrac la «PMA sans père, le mariage gay et l’avortement». Le soir de la fête de la musique, les témoins parlent d’une charge sans sommation et d’insultes comme «sales gauchistes».
Ce chef de la police était connu depuis de longues années à Nantes pour ses méthodes violentes, notamment contre les cortèges revendicatifs. À la tête de ses hommes, il faisait le coup de poing et déchaînait la répression, blessant de nombreuses personnes. La même méthode a été utilisée contre les fêtards.
Concernant la mort de Steve, «l’Inspection Générale de l’Administration», l’équivalent de l’IGPN pour les hauts fonctionnaires, a mis en cause la responsabilité du commissaire Chassaing : «Les enquêteurs ont établi qu’il aurait décidé d’intervenir, alors même que la consigne inverse lui avait été donnée par sa hiérarchie».
Pourtant, quelques jours avant la fête de la musique, le commissaire était décoré par le Ministre de l’Intérieur : une médaille offerte aux agents qui ont assuré la répression du mouvement des Gilets Jaunes. Le commissaire se targue aussi d’avoir reçu une médaille d’honneur de la police nationale en 2015, une médaille de la sécurité intérieure et une médaille de la défense.
Rappelons également que Grégoire Chassaing a assuré, au début de sa carrière et pendant des années, une «coopération en Égypte et au Cambodge», où il avait enseigné à des Régimes autoritaires les techniques de répression françaises.
En avril 2021, moins de deux ans après la mort de Steve et alors qu’il était mis en cause, Grégoire Chassaing obtenait une première promotion : il était nommé à la direction de la police de Clermont-Ferrand.
C’était déjà scandaleux, mais rien de comparable avec la provocation du Ministère de l’Intérieur qui vient de tomber : quelques jours seulement avant le procès, le 1er juin 2024, Chassaing sera propulsé comme nouveau chef de la police nationale de Lyon, à la tête de centaines d’hommes, dans la troisième plus grande ville française. «Une promotion ? Oui, ça y ressemble fortement. C’est un poste plus élevé et le timing est quelque peu étrange, si ce n’est magique» ont expliqué des policiers de Clermont au quotidien Ouest-France. En clair, même au sein de la police, tout le monde a compris que le Ministère envoyait un message en récompensant le commissaire.
La mère de Steve s’indigne dans le même journal : «Là, c’est un manque total de respect pour nous. On est resté silencieux cinq ans, là c’est trop».
À la tête de la police lyonnaise, Grégoire Chassaing et ses idées d’extrême droite ne seront pas dépaysées : les groupes fascistes sévissent dans cette ville depuis des années et les mouvements sociaux y sont durement réprimés.
Impunité, médailles et même promotion… Plus les forces de l’ordre sont féroces, plus elles montent en grade. Le Régime à bout de souffle ne tient plus que par des forces armées radicalisées à l’extrême droite. Et l’affaire Steve en est un sinistre exemple.
Retrouvez les éléments de l’affaire Steve ici : https://contre-attaque.net/tag/steve/
2 réflexions au sujet de « Noyade de Steve : le commissaire responsable de la charge reçoit une nouvelle promotion »