Mobilisation en soutien à la Crem’arbre : récit de la journée du 18 février pour ravitailler les «écureuils» perchés dans les arbres
Suite aux violentes interventions policières se déroulant sur le site de la Crèm’Zad depuis plus d’une semaine, un nouveau rassemblement était appelé à 14h ce 18 février par les collectifs opposés au projet de l’autoroute A69 sur l’axe Toulouse / Castres.
Depuis le 14 février, les «écureuils» de la Crem’Arbre, groupe d’opposant-es perché-es dans les arbres menacés d’abattage à cause du tracé autoroutier, sont coupés de vivres par les forces de l’ordre. L’enjeu de la journée était donc de pouvoir mettre à défaut le dispositif policier pour pouvoir ravitailler en eau et en nourriture les écureuils.
Dans les nuits précédentes, les agents ont harcelé et intimidé les écologistes en utilisant des lumières stroboscopiques pour les empêcher de dormir et ont imbibé le pied des arbres occupés d’essence. Privation de sommeil, d’eau et de nourriture, stress constant, menaces : ces pratiques mettent gravement en danger la vie des grimpeurs-euses et ont entraîné une plainte du collectif. À tel point que le rapporteur spécial des Nations Unies sur les défendeurs de l’environnement, Michel Forst, a dénoncé les exactions policières et a été invité par les manifestant-es à se rendre sur la ZAD.
Ce dimanche, vers 15h, un cortège de plusieurs centaines de personnes s’est engagé dans la forêt et le long de la ligne de chemin de fer pour rejoindre le lieu gardé par les policiers. À l’arrivée sur les lieux, et après quelques minutes de flottement, une première percée est tentée, accueillie directement par une volée de grenades lacrymogènes et explosives – assourdissantes et désenclertantes. Le cortège se décale à nouveau pour trouver une brèche dans le dispositif, sans succès. Alors que les groupes les plus déterminés affrontent les forces de l’ordre dans le champs, les autres manifestant-es se regroupent aux alentours du passage à niveau afin d’amener un jerrican d’eau aux écureuil-les.
Une tentative qui entraîne immédiatement une charge policière et une nouvelle salve de grenades lacrymogènes. Un blessé est évacué par les médics après un tir de LBD et 5 personnes sont interpellées et traînées sur plusieurs mètres par la capuche ou les sacs. Après cette charge, le cortège se replie progressivement vers le camp de base, en admirant sur le retour le nouveau camion centaure de la gendarmerie s’embourber dans la pente créée par les travaux, ainsi que l’autre blindé lui venir à la rescousse. Seule éclaircie dans cette après midi gazeuse.
Au même moment, de l’autre côté cordon de sécurité, le militant écologiste Thomas Brail qui avait mené une longue grève de la faim contre l’A69, en live sur Intagram, demande à parler au propriétaire du terrain qui lui avoue par l’interphone être confiné et mis sous pression par Atosca – l’entreprise privée qui a obtenu la concession de la future autoroute – pour laisser les forces de l’ordre rentrer sur son terrain pour déloger les écureuils. Jusqu’alors, ce propriétaire s’était opposé à l’intervention des forces de l’ordre. Tout est fait pour intimider et étouffer la résistance et ses soutiens.
En retournant sur le campement on peut entendre au mégaphone qu’un incendie s’est déclenché dans une cimenterie du chantier non loin de la ZAD. Un coup du destin incroyable, en pleine journée de répression mafieuse de la préfecture pour mener à bien ce projet autoroutier nuisible et mortifère !
«Aucune ZAD ne sera tolérée» annonçait dans le même temps Gérald Darmanin pour menacer le mouvement. Pourtant, la ZAD tient bon, contre vents et marée. Une fois le soleil couché, dimanche soir, les forces de l’ordre harcelaient toujours les «écureuils» et les privaient de sommeil. Tapage, sifflets, cris, lampes toute la nuit. Mais la lutte continue, d’autres actions et d’autres brèches contre l’A69 se préparent, restez connecté-es !
2 réflexions au sujet de « Contre l’autoroute A69 : reprendre le terrain »