«Démerdez-vous grosse merde» : un policier insulte une femme victime de violences, elle est tabassée, il est relaxé


Des nouvelles de la “grande cause du quinquennat” dans la police


En juillet 2022, dans le Val-d’Oise, une femme appelait le 17 pour signaler d’urgence les menaces et les violences de son ex-conjoint, qui est alors devant chez elle.

Elle évoque au téléphone des menaces de mort au policier et le danger absolu dans lequel elle se trouve : «Il a dit qu’il va me tuer et tout». «Non» lui répond simplement celui-ci, se moquant ouvertement de la victime en situation d’urgence et de danger. «Tu parles mal grosse merde. Tu m’étonnes qu’il te menace» ajoute l’agent assermenté avant de raccrocher. Elle le rappelle une heure et demie plus tard, tombant sur le même policier, celui-ci lui répond : «démerdez-vous grosse merde» !

Le lendemain, cette femme est rouée de coups par son ex-conjoint en sortant de chez elle, à coups de batte de base-ball, devant sa fille de 12 ans qui doit elle-même appelé les secours. C’est une tentative de meurtre auquel assiste cette enfant : «il lui a mis des coups de poing et des coups de pied. Il a essayé de l’écraser». En novembre 2022, cet ex-conjoint violent a finalement été jugé et condamné à un an d’emprisonnement ferme pour ces faits.

Quant au policier, il ne s’agit pas seulement d’une «omission a porter secours» de sa part, tels que les faits ont été plus tard qualifiés par la justice. Il s’agit bien d’actes de complicité ! «Est complice d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation» dispose l’article 121-7 du Code pénal qui définit la complicité en termes juridiques.

Ce policier, personne dépositaire de l’autorité publique, a sciemment ignoré les appels au secours de cette femme, permettant ainsi à son ex-conjoint de commettre des violences en toute impunité, avec l’aide et l’assistance de la police nationale ! Il s’en est fallu de peu pour que celle qui appelait au secours soit tuée.

Entendu par les enquêteurs de l’IGPN, le policier s’est expliqué en toute banalité «j’ai eu un moment d’égarement et je me suis lâché verbalement contre elle», a-t-il admis selon France info. Il ressort de ses explications la stratégie régulière d’ignorer certaines plaintes : «J’ai immédiatement catégorisé cet appel dans les fantaisistes», justifiant qu’«une femme en danger n’est pas agressive en général avec l’individu qui la menace».

Que sait ce policier de la manière dont une personne en danger devrait réagir ? Que sait-il, lui-même auteur de violences sexistes à l’encontre de cette femme, et certainement bien d’autres ? En 20 ans d’exercice, combien d’autres appels ce fonctionnaire a-t-il ignorés ? Combien de victimes insultées, humiliées ? Combien de refus de dépôt de plainte ? À combien de féminicides et de tabassages a-t-il contribué indirectement en fermant les yeux ?

La défense du policier a prétendu un «manque de formation», ce à quoi l’avocate de la victime a rétorqué : «Il n’y a pas besoin d’être formé pour savoir qu’on n’agresse pas une victime qui demande de l’aide». Si les policiers ont besoin d’une formation spécifique pour apprendre l’humanité, l’empathie minimale et le respect de la dignité humaine, alors nous partons de très loin…

L’affaire est néanmoins portée en justice et le policier condamné devant le tribunal correctionnel de Pontoise le 8 mars 2023 à une peine de huit mois de sursis probatoire, assortis d’une interdiction d’exercer la profession de policier pendant 18 mois et d’une obligation d’indemniser la victime. Une peine extrêmement rare à l’encontre d’un policier, qui sont bien souvent protégés par leurs supérieurs et par les magistrats. L’infraction d’«omission de porter secours est punissable de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende».

Mais le 28 février dernier, la cour d’appel est revenue sur ce jugement de première instance, en relaxant le policier. Innocenté alors qu’il avait lui-même reconnu les faits.

Les magistrats de première instance, pourtant habituellement si frileux à condamner un policier, n’avaient eu d’autre choix, face à des faits aussi graves et accablants en terme de preuves, que de condamner le policier. Comment expliquer cette relaxe autrement que par la complaisance des juges envers les auteurs de violences policières et de violences sexistes ?

Il y a seulement quelques semaines, un policier avait été également relaxé après avoir traité de «sale pute» une femme qui venait de déposer plainte pour des violences sexuelles. Ces affaires ne sont pas des cas isolés. Il s’agit de la réalité du traitement policier et judiciaire réservé aux personnes victimes de violences sexuelles et sexistes.


Sources :

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2 réflexions au sujet de « «Démerdez-vous grosse merde» : un policier insulte une femme victime de violences, elle est tabassée, il est relaxé »

  1. Et, imaginons, pur exercice de pensée, que quelqu’un ici dise quelque chose de non élogieux de cet admirable exemple qu’est ce sauveur de la france eternelle, là, Miracle! Poursuites immediates, ”lol”…
    ”On peux plus rien direu” ^^

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