L’État policier est un violeur à l’égo fragile


Un flic protégé par le patron de l’UNSA police, un policier violeur en cavale et une brûlante envie de kérosène


Quelques titres de presse sur la police ces derniers jours.

Chaque semaine, ce sont de nouvelles ignominies et crimes policiers qui sont révélés. On apprenait il y a seulement quelques jours comment un policier accusé de violences sexuelles et physiques sur son ex-conjointe et ses enfants avaient été protégé par le patron de l’UNSA police.

Hier, c’est un policier condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour viols et violences conjugales sur trois femmes, entre 2008 et 2014, mais laissé libre avec un contrôle judiciaire minime, qui a pris la fuite. Celui-ci avait pour seules interdictions «d’entrer en contact avec les plaignantes et l’interdiction de porter ou détenir une arme».

Un policier remis en liberté prend la fuite

La justice n’a reconnu que trois victimes, mais deux autres s’étaient également manifestées. L’une a témoigné lors du procès sans avoir déposé plainte (ce qui n’empêche en rien le parquet de poursuivre des infractions qui sont portées à sa connaissance !) et une seconde dont la plainte a été classée. Le policier Xavier P, auteur de ces violences, les intimidait fréquemment avec un couteau ou avec son arme de fonction. Relâché après deux mois de détention, celui-ci n’a même pas été contraint à un bracelet d’éloignement de ses victimes, comme celles-ci le demandaient, en attendant le prochain procès qui doit avoir lieu dans un délai de deux ans.

Le policier a de nouveau été interpellé et placé en garde à vue la semaine dernière à Juvisy suite à de nouveaux faits de violences conjugales. Mais nouvelle aberration dans cette affaire, le policier s’est vue délivrer une «incompatibilité de garde à vue» par un médecin. Un certificat qui n’est pourtant jamais délivré, y compris dans des situations ayant conduit à la mort de personnes enfermées. La faute à la complaisance de certains médecins avec la police.

C’est à l’occasion de cette libération que le policier a pris la fuite. Il n’est pas dit si la question de la complicité du médecin sera soulevée… on en doute. Un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre de l’agent, inscrit désormais au fichier des personnes recherchées (FPR).

Quand l’UNSA protège un flic violent

Autre affaire la semaine dernière : Streetpress révélait alors que le patron du syndicat Unsa Police, Olivier Varlet, avait protégé Yves Milla, un flic de la police aux frontières (PAF) de Thionville qui violentait sa femme et des enfants de 9 et 12 ans depuis des années.

En octobre 2022, son enfant âgé de 12 ans s’effondre devant la CPE de son collège qui venait d’appeler son père. L’assistante sociale auditionnée par les policiers rapporte ses propos : «Je ne veux plus être tapé, j’ai peur. Je ne veux plus que mon petit frère soit tapé». Il raconte le climat de terreur instauré par le père dans le foyer. L’arme a feu posée sur la table pendant les devoirs, les coups, les humiliations…

Après des années de peur et de silence, cet événement enclenche le dépôt de plainte de la mère auprès de la gendarmerie, elle qui avait bien conscience de l’impunité de la police : « Quand nous étions mariés, il me disait que dans la police, il était intouchable». «Quand tu es femme de flic, aller dans un commissariat, ce n’est pas possible. Tu sais que tous les gars le connaissent».

La femme décrit les violences physiques extrêmement grave sur ses enfants et sur elle-même, les menaces, les humiliations, les violences sexuelles qu’elle subit également, bien que celles-ci ne seront évidemment pas retenue dans les poursuites. Certaines de ces violences sexuelles impliquent d’autres agents de police de la CRS 38 à Mulhouse : «À au moins trois reprises, selon Isabelle, son mari aurait fait venir un de ses collègues chez eux pour qu’il ait un rapport sexuel avec elle, devant lui».

Neuf mois plus tard, Yves Milla est condamnée à 18 mois de sursis et le retrait de l’autorité parentale, pour 6 ans de violences sur ses deux enfants et son ex-conjointe. Yves Milla a fait appel de cette décision de jugement qui sera étudiée de nouveau devant la Cour d’appel le 14 mars 2024.

Nous sommes en juillet 2023 et comme le rappelle Streetpress, «En théorie, tout policier condamné par la justice doit passer devant un conseil de discipline. Mais Yves Milla a jusqu’à présent échappé à l’autorité administrative». L’enquête de Streetpress révèle que ce dossier a été mis de coté volontairement par le patron de l’Unsa police, avec qui l’auteur partage notamment des soirées échangistes.

Par une manœuvre organisée par le patron de l’Unsa, Yves Milla échappe au conseil de discipline en étant muté à la direction des ressources humaines des finances et des soutiens (DRHFS), juste en dessous de la Direction générale de la police nationale (DGPN), en octobre 2023 : «La DRHFS c’est le grand manitou RH de la police. Tout transite par là et le directeur est un interlocuteur privilégié des syndicats. Donc si tu veux faire éviter un conseil de discipline voire une sanction à l’un de tes apôtres, tu le fous à la DRHFS et tu négocies directement l’étouffement du dossier», explique un haut responsable syndical.

Des flics sûrs de leur impunité, mais à l’égo fragile

Chaque nouvelle affaire de violences commises par des policiers devraient provoquer un scandale d’État. Le statut de personne dépositaire de l’autorité publique est une circonstance aggravante : ces affaires ne sont pas des faits divers anecdotiques, elles se reproduisent continuellement. C’est cela aussi l’effet de l’impunité intégrée par un corps de métier tout entier. La violence masculine et viriliste poussée à son plus ignoble summum. La honte devrait recouvrir la profession.

Le phénomène est pourtant totalement inverse : loin de condamner les violences sexistes au cœur du système policier, le ministère attaque les féministes. Gérald Darmanin, lui-même accusé de viols par deux victimes différentes, porte plainte contre les manifestantes féministes du 8 mars pour un slogan : «Le kérosène, c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics». Darmanin a oublié que le slogan proposait aussi de brûler les machos, il aurait pu se sentir doublement concerné.

Ce slogan, qui ne fait de mal à personne si ce n’est à l’égo des personnes qui se sentent visées, est pourtant scandé depuis des années en manifestation. Apparu à Nantes vers 2014, il s’agissait initialement d’un slogan contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avant d’être remodelé en fonction des revendications du moment. Attaquer les féministes sur ce slogan aujourd’hui, ce n’est qu’une preuve de plus de la montée autoritariste et viriliste du pouvoir en place. Un pouvoir qui ne tient que par sa police à l’égo fragile.


Ce n’est pourtant un secret pour personne : «Tout le monde déteste la police», et chaque nouvelle affaire de féminicides, de violences sexuelles, de mutilations et d’impunité nous rappelle pourquoi !


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