Le 14 mars, des grenades lacrymogènes étaient tirées en Martinique lors de la venue de Darmanin. Des manifestants s’approchaient du bâtiment de la Communauté Territoriale à Fort-de-France alors que le Ministre s’y trouvait. Les protestataires chantaient : «libérez Pinto».
Hervé Pinto est un habitant de Martinique et militant au sein du «Kolectif Jistif Matinik», qui se bat depuis des années pour récupérer ses terres. Il avait hérité de 16 hectares de son grand-père, mais a constaté que des riches résidents, souvent extérieurs à la Martinique, y avaient fait construire des villas avec piscine et vue sur la mer.
Hervé Pinto a lancé des recours en justice, qui lui ont donné raison en 2011, sans pour autant parvenir à revenir sur son terrain, désormais occupé. En retour, les spoliateurs ont porté plainte contre M. Pinto pour «menaces», et celui ci s’est retrouvé sous contrôle judiciaire. D’autres martiniquais se sont rendus compte qu’ils étaient dans le même cas et que se sont souvent les mêmes notaires, géomètres, banques et avocats qui s’accaparaient les terres.
Le 10 mars, Monsieur Pinto a été incarcéré pour «non respect de sa procédure judiciaire», car il s’était rendu sur son terrain – que la justice lui interdit d’approcher – pour donner une interview.
Suite à cette interpellation filmée, des émeutes ont eu lieu, avec notamment l’incendie d’une agence bancaire et d’un concessionnaire auto, des tirs vers les forces de l’ordre et des barricades.
Cette affaire a réveillé la colère contre l’accaparement des terres et le colonialisme, sur un territoire en paupérisation, méprisé par la métropole.
En juillet 2020, un militant de 21 ans nommé Kéziah était gravement blessé par des gendarmes à Fort-de-France alors qu’il dénonçait la pollution au chlordécone, pesticide qui empoisonne la population antillaise depuis des décennies.
En janvier 2023, la préfecture de Martinique était repeinte en rouge après l’abandon de la procédure judiciaire contre le chlordécone.