Des nouvelles de la ministre macroniste Aurore Bergé, qui voulait démanteler Amnesty International et définancer les associations féministes.
Aurore Bergé incarne à elle seule l’inversion du réel qui caractérise si bien le mode du gouvernement actuel.
Cette politicienne est actuellement «ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations» alors que sa vie entière est consacrée à lutter contre l’égalité et à accentuer les discriminations, et elle vient de le prouver en discriminant une fonctionnaire à cause de ses opinions politiques.
Issue d’un milieu privilégié, Aurore Bergé a commencé son engagement politique à l’extrême droite, au sein de l’UNI, un groupuscule étudiant qui soutient actuellement Zemmour. Elle travaille ensuite pour trois agences de communication et de lobbying et milite en 2017 pour François Fillon avant de rejoindre Macron en pleine campagne présidentielle. En 2019 elle vote la proposition de loi d’Éric Ciotti, à l’extrême droite des Républicains, visant à interdire le port du voile aux accompagnantes lors des sorties scolaires.
En 2021, elle réclame le «démantèlement» de l’ONG Amnesty International qui lutte pour les droits humains. À propos de la création de lits de réanimation durant le COVID, elle répond sur Twitter : «plus de lits de réa, ce sont plus de personnes intubées, plus de décès». Laissons les pauvres mourir chez eux, pour qu’ils n’encombrent pas les statistiques.
Aurore Bergé est aussi depuis le 28 septembre 2022 au conseil d’administration de France Télévisions, ce qui est une démonstration flagrante de l’absence d’indépendance des médias.
Cette macroniste de choc, à l’avant-garde de toutes les mesures néolibérales, sécuritaires, a été nommée l’an dernier «ministre des solidarités», un poste littéralement opposée à tous ses engagements, ce qui a d’ailleurs provoqué des actions syndicales contre sa nomination, vue comme une provocation.
En 2023, elle change de poste : Macron la nomme ministre «chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations». Sa première décision ? Menacer les associations féministes !
Le 11 février dernier, elle annonçait son intention de «passer au crible» les associations féministes pour couper leurs financements si elles ne reprennent pas le narratif de l’extrême droite israélienne, c’est à dire, selon ses mots, si ces associations avaient des «positions ambiguës» sur le 7 octobre en Israël. C’était à la fois une véritable chasse aux sorcières, une attaque contre les libertés associatives et un chantage aux subventions, beau palmarès. Face au tollé provoqué par ses propos, elle a rétropédalé.
Mais Aurore Bergé ne s’arrête jamais. Elle a discriminé une fonctionnaire parce qu’elle était de gauche et, ce qui aggrave encore les faits, qui porte un nom maghrébin.
Médiapart révèle que la ministre a empêché le recrutement de cette femme «avant la date symbolique du 8 mars» alors qu’elle «devait prendre ses fonctions de directrice régionale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes» de la région Centre-Val de Loire.
Cette fonctionnaire que Mediapart nomme Warda explique qu’après avoir été embauchée, on lui a «notifié que, finalement, le poste ne [lui] était plus destiné». Aurore Bergé en personne a annulé ce recrutement, «en raison des opinions politiques de la candidate».
Cette fonctionnaire avait milité au sein du parti de centre gauche Génération·s de l’ancien socialiste Benoît Hamon, et avait déclaré dans une interview en 2019 son opposition à la «montée des nationalismes», à «l’homophobie» ou encore à «l’islamophobie».
Mediapart explique que «tout le monde au sein de l’administration avait validé le recrutement de Warda» et que «depuis Orléans, la directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité faisait part de sa joie quant à cette annonce : « Toutes mes félicitations ! J’espère que vous pourrez nous rejoindre à la date du 1er mars, ce qui vous permettra de participer aux événements autour du 8 mars et d’être en contact dès votre prise de poste avec nos partenaires. Nous préparons votre arrivée. De beaux dossiers vous attendent ! »»
C’est donc in extremis, à la demande express d’Aurore Bergé, que cette femme a été démise de sa future fonction.
Dans le monde d’Aurore Bergé, il vaut mieux côtoyer l’extrême droite que s’y opposer, surtout quand on a un nom à consonance maghrébine.
Nos dirigeants organisent méthodiquement la fascisation de l’appareil d’État, et purgent l’administration de tous les fonctionnaires qui pourraient avoir conservé quelques valeurs de gauche. Les promotions et médailles pour les policiers et préfets les plus violents et répressifs en témoignent, alors que dans le même temps, des enseignants, soignants ou conseillers de Pôle Emploi qui font preuve d’humanité et exigent de pouvoir réaliser leurs missions avec des moyens suffisants sont sanctionnés par leur hiérarchie.
Aurore Bergé le prouve, le macronisme est bien l’une des nuances du néofascisme triomphant.
L’enquête complète de Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/150424/la-ministre-aurore-berge-bloque-le-recrutement-d-une-fonctionnaire-en-raison-de-ses-opinions-politiques
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