Comprendre la révolte Kanak

La révolte kanak en chiffres : entre colonisation de peuplement et parcage des populations autochtones dans des réserves.

Une population kanak décimée

«Entre 1774, année où l’explorateur britannique James Cook accoste l’archipel (qu’il baptise en l’honneur d’une région écossaise), et le point bas des années 1920, la population kanak a diminué de 75 à 95%, essentiellement à cause des maladies apportées par les Européens» explique le magasine L’Histoire, dans un long et passionnant article consacré à la Nouvelle-Calédonie. «Entre 1853 et les années 1920, la population a été divisée par deux, passant de 55.000 à 27.000».

13% du territoire

«Profitant de cet effondrement démographique» un administrateur français «regroupe différents villages en déplaçant des populations, désaffecte des réserves, violant leur inaliénabilité, et met la main sur les meilleures terres du pays qu’il destine au nouveau colonat paysan». Selon une infographie du Monde, l’État français n’a laissé aux Kanak que 13% de leur territoire initial, sous forme de «réserves», lors d’une opération baptisée le «grand cantonnement», qui s’est terminée en 1903.

Droit de vote

Alors que les européens avaient pris possession de la grande majorité des terres, les Kanak étaient privés de droits civiques. Il n’ont pu voter qu’en 1957, lorsqu’un décret a institué le suffrage universel en Nouvelle-Calédonie. Les Kanak ont aussi été maintenus dans la pauvreté et l’absence d’accès au savoir : le premier bachelier kanak n’obtient le diplôme qu’en 1962.

En parallèle, le gouvernement français, notamment le Premier Ministre Pierre Messmer dans les années 1970, a théorisé et mis en pratique une immigration massive venue de France métropolitaine dans l’objectif avoué de « dilluer » le vote Kanak, et ainsi empêcher toute possibilité de victoire électorale indépendantiste.

Révolte kanak et colonialisme

Depuis plusieurs jours, une propagande exécrable est assénée par l’extrême droite dans les médias, comparant la colonisation de la Kanaky à l’immigration en France métropolitaine.

Les fascistes comparent le droit de vote des étrangers résidents en France – toujours pas autorisé – à la réforme visant à donner le droit de vote à tous les colons arrivant en Nouvelle-Calédonie, qui a déclenché la révolte kanak. Une comparaison absolument indécente.

Mais allons jusqu’au bout de leur logique : la population française a-t-elle disparu à 95%, puis été remplacée, privée de droits civiques et économique et expropriée de la quasi-totalité de son territoire ? Les français sont-ils maintenus dans une situation d’infériorité politique et économique, et des immigrés détiennent-ils tous les postes de pouvoir, les grandes entreprises et les richesses ? Les français subissent-ils la répression d’une police étrangère, et un pays étranger envoie-t-il l’armée en cas de protestation ? Non, évidemment. C’est pourtant ce que subit la population Kanak depuis 150 ans.


Le fascisme et le colonialisme sont des insultes au réel en plus d’être des idéologies criminelles.


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